Et si le fichier robots.txt avait un cousin dédié aux intelligences artificielles génératives ? C’est exactement l’idée derrière le LLMs.txt, une proposition de Jeremy Howard qui pourrait bien redessiner les règles d’accès des IA aux contenus du web. Ni panique, ni euphorie, juste une évolution à suivre de près.

Ce qu'il faut retenir :

  • LLMs.txt est un fichier destiné à réguler l'accès des IA génératives aux contenus web.
  • Il offre aux éditeurs un moyen de spécifier quelles sections de leur site peuvent être consultées ou non par les crawlers IA.
  • Inspiré par robots.txt, LLMs.txt s'adresse spécifiquement aux collecteurs de données utilisés pour entraîner les modèles linguistiques.
  • Bien que prometteur, son adoption et son respect par les acteurs de l'IA restent à surveiller.

LLMs.txt : un nouveau panneau de signalisation pour les IA

Pourquoi ce fichier change la donne ?

Les moteurs de recherche ont leurs règles. Depuis les années 90, le fichier robots.txt permet aux sites web d’indiquer ce qu’ils acceptent – ou non – de voir indexé. C’est simple, efficace, un peu vieillot. Mais les IA génératives comme ChatGPT ou Claude ? Elles n’obéissent pas forcément aux mêmes codes.

Le fichier LLMs.txt vise à combler ce flou. En clair, il offrirait aux éditeurs un moyen de dire : “Tu peux lire ça, mais pas ça.” Ou même : “Tu ne touches à rien.” Une sorte de contrat de courtoisie numérique, taillé pour les modèles d’IA.

Un robots.txt pour l’ère des LLMs ?

La comparaison est tentante, mais pas tout à fait exacte. Là où robots.txt est respecté (plus ou moins) par Googlebot et consorts, LLMs.txt s’adresse directement aux crawlers IA, ceux utilisés pour entraîner les modèles linguistiques. On parle ici de Common Crawl, LAION, ou même des collecteurs d’OpenAI ou d’Anthropic.

Concrètement, à quoi ça ressemble ?

Une syntaxe simple, mais efficace

Le fichier LLMs.txt serait placé à la racine d’un site, tout comme son aîné. À l’intérieur, des instructions lisibles par des crawlers IA : des informations générales, des conseils et des liens vers des fichiers Markdown détaillés. Voilà un exemple fictif proposé dans la documentation de Jérémy Howard :

# Title > Optional description goes here Optional details go here ## Section name - [Link title](https://link_url): Optional link details ## Optional - [Link title](https://link_url)

Un autre exemple sur le site d'Anthropic pour voir à quoi ça ressemble en vrai.

C’est clair, lisible, et potentiellement très utile. Mais rien d’obligatoire à ce stade. On est encore dans le domaine du volontariat.

C’est là que les choses deviennent plus floues. Ce fichier n’a pas encore de statut juridique solide. Il s’agit d’un standard proposé par la communauté tech (notamment via Hugging Face), mais son respect dépendra du bon vouloir des acteurs de l’IA.

Alors oui, sur le papier, c’est séduisant. Mais on a vu ce que ça donnait avec robots.txt : tout le monde ne joue pas le jeu.

Vers un nouveau contrat social numérique ?

Qui a le droit de lire quoi ?

C’est un peu la grande question du moment. Les éditeurs s’inquiètent. Voir leur contenu aspiré, digéré, remixé sans autorisation – parfois même sans mention – ça passe moyen. Et on les comprend.

Avec LLMs.txt, l’idée serait de rééquilibrer les forces. Donner aux créateurs un peu plus de contrôle. Un minimum de consentement dans un écosystème souvent trop vorace.

Des questions sans réponse (pour l’instant)

On en est encore aux balbutiements. Qui va vraiment respecter ce protocole ? Faudra-t-il l’accompagner d’un cadre légal ? Les gouvernements suivront-ils ? Et surtout : comment vérifier que votre contenu n’a pas été absorbé par un modèle malgré vos consignes ?

Rien n’est tranché. Mais l’initiative a au moins le mérite de poser les bases.

Pourquoi vous devriez vous y intéresser (un peu quand même)

Même si vous n’êtes ni juriste, ni dev, ni éditeur de presse, ce sujet vous concerne. Parce qu’il touche à un point sensible : la valeur de ce qu’on publie. Sur un blog, une newsletter ou un site e-commerce, vos mots valent quelque chose. Et ces fichiers sont peut-être les premières briques d’une forme de respect numérique.

Quelques pistes à surveiller

  • Les prochaines mises à jour du protocole
  • Les prises de position des géants du web (Google, Meta, OpenAI…)
  • La façon dont les CMS comme WordPress vont intégrer cette logique

Et franchement, qui a envie de voir ses contenus nourrir des IA sans même un “merci” en retour ?

Dernière chose : ça va bouger vite

Pas la peine de refaire tout votre site aujourd’hui. Mais garder un œil sur le sujet, c’est pas du luxe. Comme souvent avec le numérique, les choses avancent en silence… puis basculent d’un coup.

LLMs.txt n’est pas une baguette magique. Plutôt un signal. Une alerte douce. Et peut-être le début d’un rapport plus équilibré entre les IA et ceux qui nourrissent Internet chaque jour. Vous, nous, tous ceux qui écrivent, partagent et créent.