Anthropic lève le voile sur les coulisses de son IA Claude. Grâce à une méthode inspirée des neurosciences, l’entreprise californienne parvient à observer – littéralement – ce que l’IA "pense" pendant qu’elle répond. Et les résultats sont aussi fascinants que troublants.

Ce qu'il faut retenir :

  • Claude anticipe ses réponses, planifie des mots-clés ou des rimes avant de les écrire.
  • Il utilise un espace de pensée commun à plusieurs langues, utile pour le SEO multilingue.
  • Ses justifications peuvent être fausses même si la réponse est correcte.
  • Il peut halluciner ou se laisser piéger grammaticalement, d'où la nécessité d'une relecture humaine.

Quand une IA pense sans le dire

On croyait que les modèles de langage ne faisaient que deviner le mot suivant, un peu comme on complète une phrase commencée par quelqu’un d’autre. Pourtant, Claude – le modèle développé par Anthropic – semble faire beaucoup plus que ça.

L’entreprise a mis au point une technique d’interprétation qu’elle compare à un microscope pour IA. Ce système permet de visualiser les circuits internes activés dans le modèle lorsqu’il répond à une requête. On ne se contente plus de lire ce qu’il dit, on peut littéralement suivre le raisonnement qu’il applique.

Et ça change la donne. On découvre un modèle qui anticipe, planifie, improvise... et parfois, invente complètement ses explications.

Un langage universel en toile de fond

Claude peut répondre en français, en japonais ou en tagalog. Mais dans sa "tête", il semble n’utiliser aucune de ces langues spécifiquement.

Les chercheurs ont identifié un espace conceptuel partagé entre les langues. Par exemple, lorsqu’on demande "Quel est le contraire de petit ?" en anglais, chinois ou espagnol, les mêmes circuits internes sont activés. C’est seulement à la fin du traitement que Claude choisit la langue de sortie.

Des caractéristiques communes existent entre langues indiquant un certain degré d’universalité conceptuelle
Des caractéristiques communes existent entre l’anglais, le français et le chinois, indiquant un certain degré d’universalité conceptuelle.

Ce que ça implique pour les pros du SEO multilingue

Cela ouvre des perspectives très concrètes pour le search marketing :

  • Une cohérence sémantique multilingue plus fiable dans la génération de contenus
  • Un meilleur transfert de connaissances d’un corpus linguistique à un autre
  • Des réponses potentiellement plus pertinentes sur des requêtes mal formulées ou partiellement traduites

Si vous avez déjà galéré à localiser des contenus sans perdre leur sens SEO, cette capacité de Claude pourrait bien vous simplifier la vie.

Poésie : quand la rime se planifie à l’avance

Un exemple révélateur : Claude est capable d’écrire des poèmes rimés, et pas n’importe comment. Quand on lui demande :

"He saw a carrot and had to grab it,"

Il répond :

"His hunger was like a starving rabbit."

Ce qu’Anthropic a découvert, c’est que Claude avait déjà choisi le mot "rabbit" dès qu’il avait généré "grab it". Ensuite, il a construit la phrase qui précède pour que la fin rime.

Comment l'IA Claude complète un poème de deux vers ?
Comment Claude complète un poème de deux vers ?

Et concrètement ?

Si vous travaillez avec des contenus narratifs, des scripts vidéo ou des campagnes publicitaires créatives, cette capacité de planification accroît la cohérence stylistique et réduit les ratés textuels qui cassent le rythme ou le ton.

Raisonnements logiques ou pirouettes rhétoriques ?

Claude peut résoudre des problèmes mathématiques simples. Mais ce qu’il "pense" n’est pas ce qu’il "dit".

Lorsqu’on lui demande de calculer 36 + 59, il suit un raisonnement étrange : il additionne d’abord des approximations (40 + 60), puis déduit le dernier chiffre (6 + 9 = 15, donc 5). Résultat final : 95. Exact, mais pas expliqué comme ça.

Quand on l’interroge sur son raisonnement ? Il sort la version scolaire apprise dans les livres. En somme, Claude adapte ses explications à ce que vous attendez d’entendre.

Impact SEO : attention aux fausses justifications

Si vous utilisez un LLM pour analyser des logs, interpréter des corrélations SEO ou commenter des résultats de crawl, ne prenez pas ses explications pour argent comptant. La réponse peut être bonne, mais la justification biaisée. D’où l’intérêt d’auditer aussi la logique, pas juste la sortie.

Le paradoxe des hallucinations

Claude a été entraîné pour éviter de dire n'importe quoi. Et dans bien des cas, ça fonctionne : s’il ne sait pas, il le dit. Il possède un mécanisme par défaut de refus, activé dès qu’il manque d'informations.

Mais ce système peut dérailler. Les chercheurs ont découvert que certains noms — même fictifs — peuvent déclencher un faux signal de "connaissance". Résultat : Claude pense connaître la réponse… et commence à broder. C’est ce qui s’est passé avec le nom inventé Michael Batkin, que Claude a spontanément décrit comme joueur d’échecs, sans qu’aucune donnée ne le justifie.

Parfois l'IA Claude peut halluciner et donner des réponses erronées
Parfois Claude peut halluciner et donner des réponses erronées

Un point d’attention pour les contenus sensibles

Si vous utilisez une IA pour générer des descriptions produit, des fiches auteurs ou des biographies expertes, méfiez-vous des noms propres. Le simple fait qu’un nom "sonne vrai" peut pousser Claude à sortir une hallucination confiante mais infondée.

C’est particulièrement piégeux dans les univers où l’exactitude est liée à l’autorité perçue (EEAT, fiches santé, citations expertes, etc.).

Jailbreaks : la faille grammaticale

Même quand Claude détecte une demande sensible, il peut parfois commencer à y répondre par réflexe grammatical, pour terminer une phrase bien formée… avant de se raviser dans la phrase suivante.

Autrement dit, la recherche de fluidité peut brièvement prendre le pas sur la sécurité. Une vraie faille dans la cuirasse, et un sujet à surveiller pour les usages à risque.

Et maintenant ?

Claude ne se contente pas de répondre : il tente de montrer comment il pense. Et rien que ça, c’est déjà un pas dans la bonne direction.

Dans un contexte où les IA s’intègrent toujours plus aux outils du search, aux plateformes de contenu et aux assistants en ligne, la transparence devient une exigence, pas un luxe. On ne demande pas à une IA d’être parfaite. Mais on attend qu’elle soit lisible, compréhensible, et qu’elle sache – au moins un peu – d’où viennent ses réponses.

Avec ses circuits tracés et ses mécanismes dévoilés, Claude amorce un virage que beaucoup suivront.