Le Sénat convoque Google France pour savoir précisément ce que l'entreprise fait des aides publiques reçues depuis plusieurs années. On parle tout de même de Google, pas d'un petit commerce local. Pourtant, la firme américaine est venue presque les mains dans les poches. Résultat ? Une audition devenue culte, avec un échange mémorable où les sénateurs se sont sentis pris pour « des lapins de trois semaines ». Une partie de l'audition en vidéo est à découvrir un peu plus bas, dans cet cet article. Retour sur un moment de friction inattendu.
Ce qu'il faut retenir :
- Google France n'a pas réussi à fournir des chiffres précis sur les aides publiques reçues, irritant fortement les sénateurs.
- L'échange est devenu culte grâce à une réplique mémorable : les sénateurs refusent d'être pris pour des « lapins de trois semaines ».
- La vidéo de l'audition, devenue culte, est disponible plus bas dans l'article.
- Cette audition marque un tournant : le Sénat compte désormais exiger davantage de transparence des grandes entreprises du numérique.
Le flou artistique selon Google France
Tout avait pourtant bien commencé. Sébastien Missoffe, directeur général de Google France, et Benoît Tabaka, secrétaire général, semblaient confiants. Mais quand les questions précises ont commencé à fuser, notamment sur le montant des exonérations sociales et du fameux Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), la mécanique s’est enrayée.
« Ce chiffre n’existe pas, il faut le recalculer », avance Benoît Tabaka, visiblement embarrassé. Une réponse qui n’a évidemment pas plu aux sénateurs. Olivier Rietmann (LR), président de la commission, ne cache pas sa déception : « Vous n’êtes pas une TPE-PME, tout le monde a fait l’effort ! ». Ambiance.
« Vous nous prenez pour des lapins de trois semaines ! »
Le moment fort de l’échange, c’est cette phrase lancée par Olivier Rietmann, devenue immédiatement virale :
« Il ne faut pas commencer en prenant les sénateurs pour des lapins de trois semaines. »
Autrement dit, traduisez : « Ne nous prenez pas pour des idiots. » Et quand le Sénat se fâche, c’est rarement bon signe.
Google France assure pourtant n’avoir demandé aucune aide publique directe ces dernières années, même pendant la crise sanitaire. Aucun chômage partiel, aucun crédit d’impôt recherche non plus, à la grande surprise des sénateurs. Un choix tellement inhabituel que certains élus y voient une stratégie d’évitement pour ne pas attirer l’attention sur des pratiques fiscales jugées discutables.
Une stratégie fiscale dans le viseur du Sénat ?
Car oui, la fiscalité est bien au cœur de l’agacement sénatorial. Fabien Gay, rapporteur de la commission, s'interroge ouvertement sur ce silence :
« Vous avez décidé de ne pas demander de subventions parce que vous avez une question autour de la fiscalité, et vous le savez. »
En clair, Google France aurait préféré rester discret, pour éviter que la lumière ne soit faite sur des pratiques fiscales optimisées à outrance.
Sébastien Missoffe se défend pourtant en invoquant une logique globale chez Google : « Ce n’est pas la présence ou l’existence de ces aides spécifiques qui ont guidé nos décisions d’investissement en matière de recherche. » Mais entre les lignes, difficile pour le Sénat de ne pas y voir un peu d’esquive.
Ce que ça change pour les autres géants du numérique
Ce rendez-vous très médiatisé a donné le ton aux prochaines auditions. Les sénateurs ne comptent pas relâcher la pression sur les grandes entreprises du numérique. Le message envoyé est clair : soyez précis, transparents et surtout, ne prenez pas les élus français pour des novices.
Les prochaines auditions risquent donc d'être particulièrement suivies. Google a peut-être trébuché, mais une chose est sûre : le Sénat ne se laissera plus avoir si facilement.