L'Union européenne a lancé des procédures contre Google, l'accusant de ne pas respecter les règles de la loi sur les marchés numériques (DMA). L'affaire pourrait avoir des conséquences importantes pour l'entreprise et l'écosystème numérique européen. Découvrez ce qui est en jeu et ce que cela pourrait signifier pour les consommateurs et les entreprises.

Ce qu'il faut retenir :

  • L'UE accuse Google de favoriser ses propres services dans les résultats de recherche, au détriment des services concurrents
  • Google Play serait responsable de restrictions empêchant les développeurs d’applications de proposer des alternatives moins chères aux utilisateurs.
  • Si les accusations sont confirmées, Google pourrait être soumis à des amendes de jusqu'à 10 % de son chiffre d'affaires mondial.

Contexte : qu'est-ce que la loi DMA ?

Le Digital Markets Act (DMA) est une législation européenne entrée en vigueur en 2024. Elle cible les entreprises désignées comme « gardiennes » sur le marché numérique, telles que Google, Apple et Meta. Ces entreprises, en raison de leur position dominante, ont l'obligation de respecter des règles strictes en matière de concurrence et de traitement des services tiers. Google, en tant que gardien, est désormais surveillé de près pour éviter toute forme de discrimination en faveur de ses propres services.

Les accusations contre Google

Le 19 mars 2025, la Commission européenne a informé Google de ses conclusions préliminaires concernant deux services clés : Google Search et Google Play.

Favoritisme dans les résultats de recherche

L’UE a constaté que Google privilégie ses propres services, comme Google Shopping, les réservations d'hôtels, les transports ou les résultats financiers et sportifs, en les affichant de manière plus visible et avec des formats améliorés, au détriment des services concurrents. Cette pratique enfreindrait l’obligation de transparence et de traitement équitable envers les services tiers. En résumé, Google aurait manipulé ses résultats de recherche pour favoriser ses produits au détriment de la diversité des offres concurrentes.

Restrictions dans le Google Play Store

Un autre point de friction concerne le Google Play Store, où les développeurs d'applications sont accusés de ne pas pouvoir diriger librement les utilisateurs vers d'autres plateformes offrant des prix plus attractifs. L’UE considère que cette situation nuit à la concurrence et à la liberté des développeurs d’offrir des alternatives. Google imposerait des frais élevés pour l’utilisation de son service, ce qui limiterait les choix pour les utilisateurs et augmenterait les coûts pour les développeurs.

Des risques pour l'innovation et la sécurité

Google n’a pas tardé à réagir aux accusations de la Commission. Selon Oliver Bethell, directeur senior de la concurrence chez Google, ces modifications exigées par l’UE risquent de nuire à la fois à l’innovation et à la sécurité des services. Il a souligné que les changements imposés pourraient rendre la recherche plus compliquée pour les utilisateurs. Il a pris l'exemple de la recherche de voyage, arguant que : « Lorsque nous ne pouvons pas afficher de résultats de voyage qui dirigent les gens directement vers les sites des compagnies aériennes, ils se retrouvent généralement avec un billet plus cher car les compagnies aériennes doivent payer des commissions aux sites web intermédiaires ».

Sur la question de Google Play, Bethell a argué que les restrictions sont mises en place pour protéger les utilisateurs des applications malveillantes, assurant ainsi que Android reste une plateforme ouverte et sûre. Pour lui, la loi DMA présente un faux choix entre ouverture et sécurité, avec la crainte que la première ne compromette la seconde.

Ce que cela signifie pour les entreprises européennes

L'enquête et les conclusions de l'UE, si elles sont confirmées, pourraient entraîner des changements significatifs dans la manière dont les services numériques sont présentés et utilisés en Europe. Voici quelques points à surveiller pour les entreprises européennes :

  • Les sites de comparaison de prix et d'autres services tiers pourraient bénéficier de plus de visibilité, car les pratiques de Google pourraient être ajustées pour favoriser une compétition plus équitable.
  • Avec la levée des restrictions sur les alternatives à Google Play, les développeurs auront plus de liberté pour proposer des solutions plus compétitives et diversifiées pour leurs utilisateurs.
  • Du point de vue de Google, au contraire, l'application stricte du DMA risque d'offrir une expérience de recherche pénible pour les utilisateurs européens.

Et maintenant ?

Google a désormais la possibilité de répondre aux conclusions de la Commission et de défendre sa position. Si l’UE confirme ses accusations, des amendes pouvant atteindre 10 % des revenus mondiaux de l’entreprise pourraient être imposées. Ces mesures pourraient aussi inclure des modifications obligatoires des services de Google, affectant potentiellement ses résultats de recherche et la gestion de son Play Store.