Les plateformes d’intelligence artificielle envoient de plus en plus de visiteurs vers les sites médias, même ceux qui tentent de bloquer leurs robots d’indexation. Une tendance qui questionne l’avenir du trafic web et la place des moteurs de recherche classiques.
Ce qu'il faut retenir :
- Le nombre de visites mensuelles envoyées par ChatGPT aux éditeurs est passé de 435 000 en août 2024 à 3,5 millions en janvier 2025.
- Malgré cette hausse, les visites issues de ChatGPT et Perplexity représentent moins de 0,1 % du trafic total des éditeurs.
- Des sites comme The Atlantic ou Forbes voient un afflux notable de trafic IA, parfois même sans accord commercial avec OpenAI ou Perplexity.
- Le blocage inefficace ? Certains éditeurs ayant interdit l’accès des IA via robots.txt constatent malgré tout du trafic provenant de ces plateformes.
Une croissance spectaculaire du trafic IA
Les plateformes d’IA comme ChatGPT et Perplexity génèrent un volume croissant de trafic vers les médias. En seulement six mois, les visites envoyées par ChatGPT à 14 grands sites d’actualités (comme The Guardian, The New York Times ou Forbes) ont été multipliées par huit, atteignant 3,5 millions en janvier 2025.
En parallèle, Perplexity a également connu une progression, envoyant entre 450 000 et 850 000 visites par mois vers ces mêmes éditeurs.
Mais attention : en dépit de cette explosion, le poids de ce trafic reste infime comparé aux moteurs de recherche traditionnels. Pour The New York Post, par exemple, les 760 000 visites générées par ChatGPT en janvier ne représentent que 0,5 % de son trafic total.
Qui bénéficie le plus du trafic IA ?
Toutes les publications ne profitent pas de la même manière de cette tendance. Parmi les grands gagnants :
- The Atlantic : avec 186 000 visites en janvier 2025, la publication voit plus de trafic en provenance de ChatGPT que depuis X (anciennement Twitter).
- Forbes et The Guardian : ces deux médias enregistrent également plus d’1,6 million de visites cumulées en six mois grâce à ChatGPT.
- Le New York Post : avec 760 000 visites en un mois, il est l’un des principaux bénéficiaires.
Fait intéressant : plusieurs de ces sites n’ont signé aucun accord commercial avec OpenAI ou Perplexity. Cela signifie que leur contenu est tout de même utilisé et référencé par ces IA, parfois sans consentement explicite.
Bloquer les IA… sans succès ?
Certains éditeurs ont tenté de bloquer l’accès des IA à leur contenu via le fichier robots.txt – une méthode normalement efficace pour empêcher l’indexation par des bots.
Mais cela ne semble pas totalement dissuader les plateformes d’IA. Par exemple, The New York Times, qui a interdit les crawlers de ChatGPT et Perplexity, a tout de même reçu 240 600 visites depuis ChatGPT en janvier 2025.
Ce constat soulève une question majeure : les IA respectent-elles vraiment les règles établies par les éditeurs ?
De plus, le New York Times a poursuivi OpenAI et Microsoft en justice en décembre 2023, les accusant d’utiliser son contenu sans autorisation pour entraîner leurs modèles. Pourtant, cela ne l’empêche pas d’être référencé par ChatGPT.
Quel avenir pour le référencement face aux IA ?
L’augmentation du trafic en provenance de ChatGPT et Perplexity pose plusieurs enjeux pour les éditeurs et le référencement naturel :
- Une dépendance accrue aux plateformes d’IA : si ce trafic continue d’augmenter, certains éditeurs pourraient chercher à optimiser leur contenu pour ces outils, comme ils le font déjà pour Google.
- Une menace pour les moteurs de recherche traditionnels ? : bien que Google domine encore largement, la montée en puissance des IA comme source d’information pourrait redistribuer les cartes.
- Un manque de transparence sur l’utilisation des contenus : les éditeurs doivent-ils être rémunérés pour l’exploitation de leurs articles par les IA ?
Pour l’instant, si le trafic IA reste marginal, il est tout de même en pleine expansion. Les médias feraient bien de surveiller cette tendance de près…