Sous la pression des régulateurs européens, Google tente de s’adapter à la loi sur les marchés numériques (DMA). Dernière expérience en date : retirer les cartes et fonctionnalités enrichies pour les recherches d’hôtels dans certains pays européens. Un test qui n'a pas convaincu Google (qui n'était pas vraiment enchanté non plus de le faire), qui a décidé d'y mettre fin plus tôt que prévu.
Ce qu'il faut retenir :
- Google a testé la suppression des cartes et des résultats enrichis dans les recherches d’hôtels pour se conformer au DMA.
- Les utilisateurs ont visiblement mis plus de temps à trouver ce qu’ils cherchaient, et beaucoup ont abandonné leur recherche.
- Les hôtels ont perdu plus de 10 % de leur trafic, tandis que les comparateurs n’ont pas vraiment bénéficié de ces changements.
- Google a rapidement mis fin à ce test, jugé trop néfaste pour les utilisateurs et les entreprises.
Google face au casse-tête du DMA européen
Depuis mars 2024, la loi sur les marchés numériques (DMA) impose un cadre strict aux géants du numérique comme Google. L’objectif ? Rétablir une concurrence plus équitable en Europe. Mais pour Google, c’est un vrai casse-tête pour être jugé suffisamment conforme par les régulateurs européens.
La firme a déjà apporté de nombreux ajustements, notamment en mettant gratuitement en avant des comparateurs de prix dans ses résultats de recherche. Cela semble avoir fait plaisir à certains acteurs du marché, mais beaucoup d'autres – comme les hôtels ou les petits commerçants – s’en plaignent. Pourquoi ? Parce que ces changements ont fait chuter leur trafic direct, parfois de façon dramatique.
Pour répondre aux demandes toujours plus poussées des régulateurs, Google a récemment testé des modifications radicales : supprimer les cartes interactives et autres outils enrichis pour les recherches d’hôtels en Allemagne, en Belgique et en Estonie.
Les résultats du test : une perte pour tout le monde
Entre le 26 novembre et le 12 décembre 2024, Google a donc mené ce test dans 3 pays européens : l’Allemagne, la Belgique et l’Estonie. Le principe était simple : afficher des résultats de recherche dépouillés, sans cartes ni détails pratiques comme les prix ou les avis directement visibles. Un retour aux fameux « dix liens bleus », une version de Google que certains considèrent plus neutre.
Résultat ? Pas vraiment convaincant.
D'après Google :
- Les utilisateurs ont eu plus de mal à trouver un hôtel. Certains ont dû multiplier les recherches, et beaucoup ont simplement abandonné.
- Les hôtels ont vu leur trafic chuter de plus de 10 %, ce qui représente des centaines de milliers d’établissements touchés en Europe.
- Les sites de comparateurs, qui étaient censés profiter de ces changements, n’ont pas vraiment vu d’amélioration de leur trafic.
Face à ces impacts négatifs, Google a décidé d’interrompre le test. Dans son communiqué, la firme explique que ce genre de modifications ne sert ni aux utilisateurs ni aux entreprises locales, et préfère discuter avec la Commission européenne pour trouver des alternatives :
"Alors que nous sommes poussés vers davantage de changements, nous devrons peut-être supprimer complètement ce type de fonctionnalités utiles. Les résultats de ce test montrent que cela serait une situation perdant-perdant pour les utilisateurs et les entreprises européennes. Nous sommes impatients de discuter de ces conclusions avec la Commission européenne et de travailler à trouver une solution plus équilibrée."
Un dilemme pour Google
Ce test illustre bien la position délicate de Google. D’un côté, l’entreprise veut éviter des sanctions des régulateurs en respectant les exigences du DMA, comme le prouvent les nombreuses modifications des SERP effectuées sur ces derniers mois. De l’autre, elle doit continuer à offrir des services utiles et efficaces, qui plaisent aux internautes, pour rester leader.
Le risque est stratégique : si ses résultats de recherche deviennent moins pratiques, les internautes pourraient se tourner vers d’autres solutions. Et pour les utilisateurs, la question reste ouverte : veut-on vraiment sacrifier des outils utiles comme les cartes interactives, au nom de la neutralité ? Il n'est pas certain que le DMA bénéficie vraiment aux internautes non plus.
Il est dommage de faire perdre de la visibilité aux hôtels au profit des comparateurs d'hôtels, qui n'apportent pas forcément de valeur ajoutée et peuvent représenter un risque pour les hôtels indépendants. L'Association Hôtelière Allemande (IHA) a d'ailleurs exprimé son inquiétude quant à la suppression des fonctionnalités hôtelières de la recherche Google. Est-ce que les régulateurs européens accepteront de revoir leur position pour plus de souplesse ? La question reste en suspens...
Il est dommage de reprendre les arguments de Google sans aucune critique !
La suppression de l’affichage des Google Profiles va permettre aux sites officiels des hoteliers de récupérer 90% du trafic aujourd’hui vampiriser par les fiches GMB. Les hoteliers vont pouvoir innover, mettre en avant leurs offres, de nouveaux services de contact (chat, visio, …). Et surtout va freiner l’ascension de Google qui est le premier site comparateur actuellement ! Une conccurence saine permettrait à d’autres acteurs d’émerger, aux hoteliers de se fédérer pour créer une plateforme commune, bref apporterait une véritable révolution et rabattrait complètement les cartes.
Sinon on peut laisser Google vendre des chambres, des voitures, des vols, des livres…
Bonjour Nicolas,
Je précise bien dans l’article que c’est le communiqué de Google et donc leurs propres chiffres 😊
Visiblement là ce ne sont pas les hôteliers qui en profitent mais les sites de comparateurs type Booking et autre, qui sont généralement mieux positionnés dans les SERP. Je pense que les fiches GMB leur donnaient une visibilité qui leur est enlevée par les comparateurs, car ils ne travaillent pas autant leur SEO on-site.
Il y a certainement un compromis à trouver entre laisser Google vendre de tout et revenir à une SERP dépouillée qui ne profite pas non plus aux hôteliers 😊
Bonne journée