Accusé de monopole par le Département de la Justice américain (DoJ), Google est confronté à des exigences radicales : vente de Chrome, modifications d’Android et supervision par un comité indépendant. La firme de Mountain View contre-attaque, dénonçant une menace pour l’innovation, la sécurité des utilisateurs et l’économie numérique américaine.
Ce qu'il faut retenir :
- Le DoJ veut imposer à Google la vente de Chrome et des restrictions sur Android suite au procès antitrust.
- Google dénonce un "micromanagement" gouvernemental qui nuirait à l'innovation et à la vie privée.
- Un comité indépendant pourrait superviser les services de Google, limitant fortement son autonomie.
- Google riposte et prévoit de déposer ses contre-propositions en décembre.
Des accusations de monopole : ce que reproche le DoJ à Google
Pour le Département de la Justice américain, Google est coupable de verrouiller le marché des recherches en ligne et de la publicité numérique, comme on l'a vu lors du procès antitrust achevé en août 2024 où Google a été condamné pour monopole.
Avec une domination de plus de 90 % sur le marché de la recherche, l’entreprise serait responsable de pratiques anticoncurrentielles, notamment via des partenariats exclusifs avec Apple et Android.
Le DoJ réclame des mesures drastiques pour briser ce monopole et favoriser une concurrence plus équitable. Parmi les exigences figurent la séparation de certains services clés, comme Chrome et Android, ainsi que la fin des accords exclusifs avec des partenaires. L’objectif affiché est de réduire la mainmise de Google sur les canaux de distribution, souvent accusée de bloquer l’émergence de concurrents innovants.
Des remèdes drastiques pour rééquilibrer le marché
Les propositions du DoJ vont bien au-delà d'ajustements mineurs. Voici les mesures les plus marquantes :
- Vente de Chrome et restrictions sur Android : Google pourrait être contraint de se séparer de son navigateur phare, Chrome, et de dissocier Android de son moteur de recherche.
- Divulgation de données sensibles : L’entreprise pourrait être obligée de partager certaines innovations techniques, voire les requêtes personnelles des utilisateurs, avec des tiers.
- Contrôle externe via un comité technique : Ce comité aurait le pouvoir de superviser certains choix de design, comme les écrans de sélection des moteurs de recherche sur Android.
- Restrictions sur les accords publicitaires : Les annonceurs obtiendraient davantage de contrôle sur la diffusion de leurs campagnes, limitant les pratiques actuelles de Google.
Ces mesures visent à ouvrir le marché à une concurrence accrue, mais elles pourraient aussi bouleverser l’écosystème numérique mondial.
La riposte de Google : une critique virulente et des alternatives en préparation
Google n’a pas tardé à réagir, dénonçant des mesures qu’elle considère comme extrêmes. L’entreprise parle d’une intervention sans précédent qui, selon elle, nuirait directement aux consommateurs et à l’innovation.
D'après la firme, les propositions du DoJ mettent en péril la sécurité et la confidentialité des utilisateurs. L’entreprise alerte sur les risques de "divulgation obligatoire de données personnelles et d’innovations à des entreprises tierces". Elle souligne aussi l’impact sur la qualité des produits, comme Chrome ou Android, qui sont intégrés dans la vie quotidienne de millions de personnes.
Le géant de Mountain View s’inquiète également pour l’avenir de l’intelligence artificielle, un domaine stratégique où elle se considère leader. "Ces contraintes pourraient sérieusement ralentir nos investissements dans l’une des innovations les plus importantes de notre époque", affirme Google. La compagnie met en garde contre une perte de compétitivité face à d’autres géants mondiaux, notamment en Asie.
Google illustre la complexité des exigences du DoJ : "Imaginez devoir passer par deux écrans de sélection approuvés par un comité avant de pouvoir utiliser Google Search sur un téléphone Pixel." Ce "micromanagement", selon l’entreprise, nuirait directement à l’expérience utilisateur et à son autonomie dans le développement de nouveaux produits.
Google ne compte donc pas en rester là. L'entreprise déposera en décembre ses propres recommandations pour répondre aux préoccupations du DoJ. La firme reste confiante dans sa capacité à démontrer que ces exigences "vont bien au-delà de ce que même l’ordonnance du tribunal envisageait".
Un tournant majeur pour la tech mondiale
La confrontation entre Google et le DoJ représente un moment décisif pour l’industrie technologique. Derrière ces accusations de monopole se joue une bataille plus large sur le futur des grandes plateformes numériques et leur place dans un monde de plus en plus régulé.
Google, tout en dénonçant ces mesures comme une atteinte à l’innovation et à la souveraineté technologique américaine, prépare une défense solide. Cette affaire pourrait bien redéfinir les règles du jeu pour les géants de la tech, et avec elles, l’expérience numérique de millions d’utilisateurs. On est impatients de connaître la suite !