Dans cette première édition de Discussions, le nouveau format d'Abondance sur YouTube, nous plongeons au cœur du référencement naturel avec un expert en netlinking. Maxime Doki-Thonon, à la tête de Rocket Marketing, partage son analyse des pratiques netlinking en 2024. Peut-on se positionner sans backlinks ? Quelle est l'importance des liens sponsorisés et comment fonctionnent les PBN aujourd’hui ? Maxime démystifie ces sujets et bien d'autres, tout en offrant une vision claire et nuancée de l'évolution du linkbuilding. 

Ce qu'il faut retenir :

  • Le positionnement sans backlinks est possible en théorie, mais reste très rare sur des requêtes concurrentielles en pratique.
  • Un lien provenant d'une page de qualité (mesurée par Google selon des signaux comme le taux de rebond) aura plus de poids qu'un lien venant d'une page de faible qualité.
  • Les liens sponsorisés n'ont pas perdu de leur efficacité en 2024, mais certains peuvent être filtrés par Google s'ils paraissent non naturels.
  • Le link baiting et la création de contenu de haute qualité sont des stratégies efficaces, mais souvent insuffisantes sans un soutien par des liens sponsorisés.
  • Les ancres optimisées sont risquées si elles sont trop nombreuses, mais restent parfois nécessaires pour se positionner sur des requêtes ultra-concurrentielles.

Chapitres de la vidéo

00:00 Intro
01:39 Se positionner sans backlinks
03:02 Qualité du contenu du backlink
05:23 Performance des liens payants
07:26 Backlinks Forums et blogs
10:29 Linkbaiting
14:59 Mentions sans liens
16:00 Les PBN en 2024
18:31 Backlink source de trafic
21:22 Backlink non indexé
21:51 Maillage interne
23:00 Ancres optimisées
26:32 Pénalités manuelles
28:51 Manipulation des KPI de netlinking

Retranscription de la vidéo

Laura : Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans Discussions ! Discussions, le nouveau format d’Abondance. Ce sont des interviews d'acteurs du SEO, qui peuvent être sponsorisées ou non, et elles ont pour but de vous faire découvrir les fondamentaux du référencement naturel.

Cette vidéo est la première d'une série. Peut-être qu'il n'y en aura pas d'autres si ça ne vous plaît pas, mais si ça vous plaît, on en tournera évidemment d'autres sur plein de sujets.

Je vous laisse découvrir Maxime Doki-Thonon, qui est le gérant de Rocket Marketing, notre premier invité.

Laura : Salut Maxime.

Maxime : Salut Laura.

Laura : Alors Maxime, tu es directeur général de Rocket Links, une des plus grandes plateformes de netlinking, tout du moins d’achat d’articles sponsorisés dans le monde, avec plus de 110 000 médias disponibles. Rocket Links fait aussi partie du groupe Rocket Marketing, auquel appartient Reech, qui est une solution d’influence marketing. Cher Maxime, comment vas-tu en ce début de juillet 2024 ?

Maxime : Écoute, ça va très bien Laura, beaucoup d'actualité chez nous. Et toi ?

Laura : Oui, j'imagine ! Pareil, écoute, ça n'arrête pas, mais ce sont des bons problèmes comme on dit.

Laura : Aujourd’hui, on n’est pas là pour parler entrepreneuriat, même si je suis sûre qu’on pourra en parler un autre jour. On est plutôt là pour parler de netlinking, ce grand sujet. On est là pour en parler parce que le SEO, ce n’est pas tout noir ou tout blanc, c’est souvent "ça dépend" comme on dit. Donc, l’objectif c’est d’avoir un peu ton point de vue sur les pratiques de netlinking en 2024, histoire d’y voir plus clair et puis de démystifier un petit peu ce sujet.

Pour ça, je t’ai préparé précisément 12 affirmations, et le but c’est que tu donnes ton point de vue sur chacune d’entre elles.

Première question : est-ce qu’on peut se positionner sur une requête concurrentielle sans backlinks ? Est-ce qu’on peut se positionner sur une requête concurrentielle sans lien direct vers la page que l’on veut positionner ?

Maxime : C’est une bonne question. Je vais difficilement pouvoir y répondre par vrai ou faux. Je vais commencer la première réponse par "ça dépend". Déjà, ça dépend de ce qu’on entend par requête concurrentielle, parce qu'il y a des requêtes très concurrentielles, ultra concurrentielles, par exemple "mutuelle santé", "assurance auto", etc. Ça, ça va être des requêtes que je vais considérer comme ultra concurrentielles. Et puis, des requêtes concurrentielles, ça va aussi être des requêtes à forte intention d’achat, où le coût par clic sur Google Ads est très, très élevé.

Sur ces requêtes-là, en théorie, c’est possible de se positionner sans lien externe à partir du moment où la page est elle-même bien positionnée sur un site qui reçoit lui, par contre, beaucoup de liens depuis l’extérieur. Mais ça, c’est la théorie. En pratique, ça se voit quand même très peu, des pages qui se positionnent sans lien externe sur des requêtes concurrentielles. Même sur des requêtes de concurrence moyenne, ça reste très, très rare, de ce que l’on voit des analyses marché que l’on fait chez Rocket Links.

Laura : Deuxième question : est-ce qu’un lien placé sur une page dont le contenu est de faible qualité envoie moins de puissance qu’un lien placé sur un contenu de grande qualité ?

Maxime : Là, je peux te répondre d'une manière un peu plus tranchée. Je dirais que c'est vrai. Je pense qu’il faut revenir à ce que Google entend par "qualité", à ce que Google considère comme étant une page de qualité. Parce que, quand on pense à qualité, on peut penser à qualité rédactionnelle, c'est la première chose qui va venir à l’esprit des gens, des clients dans le SEO. Mais il faut savoir que, malgré toutes les avancées sur l’intelligence artificielle, Google n’est pas assez intelligent pour mesurer la qualité rédactionnelle d’une page. Lui, il va plutôt se baser sur des signaux qui vont lui indiquer que la page est certainement de qualité par rapport à ce qu’il connaît déjà, par rapport au taux de rebond des pages qui sont de qualité dans son index.

Est-ce que la page contient à peu près les mêmes mots-clés que celles qui se positionnent déjà sur Google et que Google a lui-même considérées comme étant de qualité dans le passé ? Et puis des fois, il y a des résultats qui dépassent toutes les attentes en termes de qualité, en termes de taux de rebond et de taux de clic aussi sur la page de résultats Google. Et c’est ce que certains entendent comme le troisième levier en fait du SEO : c’est l'expérience utilisateur.

Laura : Oui, et on a eu confirmation d’ailleurs avec les Google Leaks, hein, parce que c’est des choses qui se disent depuis longtemps dans la sphère SEO. Le comportement utilisateur sur la SERP joue sur son positionnement. On en a eu la confirmation. L'UX devient quasiment un critère. Ce n’est pas un critère de référencement, mais va jouer sur le positionnement. Pourquoi ne pas s'intéresser à l’UX alors que le cœur du travail de Google s’est amélioré sur ce point ?

Maxime : C’est clair. Nous, ce qu’on dit sur les trois leviers ou les trois piliers, c’est que l'optimisation on-site permet à Google de te considérer. Les backlinks permettent de te faire monter. Et l'expérience utilisateur permet de te faire rester sur la page de résultats.

Laura : Est-ce que les liens placés dans des contenus sponsorisés ou payés ont perdu leur efficacité en 2024 ?

Maxime : Je dirais que c’est globalement faux, parce que les liens ont toujours été importants, ils le sont toujours. On en a la preuve avec les centaines de benchmarks que l’on a faits pour nos clients chez Rocket Links, où on analyse les stratégies de netlinking et de backlinks des acteurs sur tout un marché, sur tout un secteur concurrentiel. Et ce qu'on observe, c’est qu'il y a un taux de corrélation qui est souvent très haut entre le nombre de referring domains et le trafic organique des sites qu’on analyse sur ces requêtes concurrentielles.

Ceci étant dit, certains liens, qu'ils soient sponsorisés ou non, parfois paraissent trop peu naturels aux yeux de Google. Même des liens qu’on peut faire naturellement, qu’on peut faire tout seul, sans payer, peuvent paraître aux yeux de Google des liens qui ne sont pas naturels. Dans ce cas-là, ce que Google fait, c’est qu'il filtre ces liens, c'est-à-dire qu’il réduit l'efficacité du lien, voire même il n'en tient pas du tout compte.

Mais ça, ce n’est pas très grave. Il y a un dicton dans la publicité que j’aime bien qui dit que la moitié de ton budget ne sert à rien, mais tu ne sais pas laquelle. Eh bien, c’est un peu le cas dans le netlinking, mais évidemment dans une moindre mesure. Il y a forcément une déperdition, il y a des liens filtrés qui n’envoient pas le jus escompté, qui envoient moins que ce qu’on imaginait à la base, mais ça fait partie du jeu, et ça reste quelque chose de super rentable malgré cette déperdition. On a un ROI qui est très, très fort dans le netlinking. En fait, ce qu’on aime dire, c’est que ça ne sert à rien de jouer à l’apprenti chimiste pour avoir le moins de déperdition possible. On y perdrait trop de temps, et on raterait peut-être même des opportunités qu’on imaginerait comme potentiellement filtrées par Google, mais qui en fait serviraient la stratégie et seraient efficaces.

Laura : Est-ce que les liens qui viennent des commentaires de blog et de forum — je rejoins les deux ensemble — sont considérés comme du spam et n’ont plus de valeur ?

Maxime : Je pense que c’est naturel d’avoir ce genre de lien. Tu vois, tu parlais juste avant de liens qu’on peut obtenir naturellement si on fait partie d'un groupe, si on peut obtenir des liens depuis des fournisseurs, etc. Je pense qu’il y a toujours un forum dans nos thématiques, la plupart des thématiques des sites des clients pour lesquels on travaille. Et je pense que c’est des liens qui sont pertinents.

À une époque, par contre, il y avait certaines personnes qui faisaient que ça, et évidemment, ça, ce n’est pas naturel. Mais dans un contexte de variété de typologies de liens, c’est super pertinent, et surtout ça ne coûte pas très cher. Ce sont même des liens qu’on peut faire à la main soi-même en début de campagne. Et même si là aussi, les liens ne sont pas tous efficaces, il y en aura forcément qui vont compter dans le lot. Ces liens, quand ils sont bien faits, ont l’avantage d’être bien thématisés, et on sait qu’un lien bien thématisé transmet plus de puissance de lien. Donc ça, c’est super positif.

Il y a de l'UGC (User Generated Content), notamment dans le cas des forums qui se positionnent très bien sur Google en ce moment, et donc il faut imaginer aussi que cela puisse même ramener du trafic direct. Il ne faut pas s'en priver. On peut le faire pour les liens, mais aussi pour le trafic.

Laura : Oui, on l'a vu d'ailleurs aux États-Unis avec la percée de Reddit et de Quora dans les SERP. Alors évidemment, c’est moins fréquent en France, mais c’est vrai que ça ressort sur certaines SERP. Est-ce que les forums, ce sont des liens que vous vendez chez Rocket Links ou ce n’est pas votre univers de sites ?

Maxime : Pour l'instant non, mais on suit avec attention les besoins de nos clients sur ce créneau. Et on a pour objectif chez RocketLinks de permettre à nos clients de centraliser tous leurs besoins en netlinking, par le biais de l’assistance technologique et humaine. Donc à partir du moment où cela devient vraiment nécessaire pour nos clients, on va y réfléchir très sérieusement.

Laura : Bien, à surveiller alors. On le disait en introduction, une manière de faire des liens, ce n’est pas forcément que de les acheter. C’est aussi de faire des relations publiques (RP), par exemple. On peut aussi faire ce qu’on appelle du link baiting, c’est-à-dire créer un contenu qui est tellement cool, intéressant, tendance, marrant, qui génère une émotion, que ça va générer des liens naturels. La première chose à laquelle on peut penser, c’est : je crée une étude, par exemple. Je la diffuse aux médias et aux blogs thématisés. Et si ça les intéresse, ils en font un article et donc ils me font un lien.

Est-ce que la création de contenu de haute qualité et le link baiting, comme cet exemple-là, c’est devenu les stratégies les plus efficaces pour obtenir une grande quantité de backlinks ou pas ?

Maxime : Obtenir des liens avec la création de contenu de haute qualité et le link baiting, c’est possible et c’est très bien. Cela va permettre aussi d’avoir un bon terreau de liens, mais ça ne suffira pas dans la majorité des cas. Ce ne sera pas scalable. On ne peut pas baser toute sa stratégie sur l’espoir que les médias vont parler de nous naturellement. Et pourquoi ? Parce qu’il faut revenir au basique. Le média, qu'est-ce qu’il a à y gagner à parler de tout le monde gratuitement et naturellement tout le temps ? Même si vous faites un super contenu qui intéresse les lecteurs du média, souvent, les médias vont avoir le choix entre plusieurs super contenus, et ils vont plutôt choisir celui qui paie pour le diffuser.

Disons-nous vraiment les choses. Aux États-Unis ou en Angleterre, par exemple, on entend beaucoup parler de digital PR, qui peut être synonyme de link baiting. Dans plus de la moitié des cas, en fait, ce sont des articles sponsorisés derrière. C’est vrai qu'il y a des contenus qui sont repris de façon super naturelle par les médias, par exemple une étude, une infographie. Je pense que c’est vraiment une stratégie gagnante de faire un contenu de haute qualité et de faire du sponsoring de ce contenu. Pour moi, il ne faut pas voir cela comme un choix entre deux choses opposées. On peut faire des articles sponsorisés avec un contenu de super qualité qui intègre des infographies, des études, des choses qui intéressent vraiment les audiences. C’est ce qu’on doit tous viser, je pense.

Laura : Oui, je te rejoins. Je pense aussi qu’on met un peu le link baiting sur un piédestal, parce que c’est le Graal de la créativité. Quand tu arrives à faire ça et que tu obtiens 100,  150 ou même beaucoup plus de liens, c’est que tu as été inventif, que tu as été très bon. Tu n’as pas juste eu à sortir le carnet de chèques, tu vois ?

Maxime : Oui, il y a un peu de chance aussi. Par exemple, tu fais une super étude, un super contenu, et tu le lances auprès de la presse juste après les élections européennes, et là, plus personne ne veut parler d’autre chose que de ça. Tout ton budget de création de contenu part à l’eau. On dit que les liens naturels sont gratuits, mais faire une belle stratégie de PR, créer un contenu qui donne envie d’être partagé par les médias avec une étude, une infographie, ça coûte beaucoup d’argent aussi.

Laura :  Par exemple, tu sors une étude en même temps que ton concurrent, mais tu ne le savais pas, et lui est plus gros que toi. Pareil, tu te fais bouffer.  Cela rejoint aussi ce que je disais au début. Si on lance une stratégie de netlinking, s'appuyer sur les gens autour de soi est une bonne idée. Si je donnais l’exemple de l’étude, c’est parce que, par exemple, créer un baromètre — donc une étude qui revient chaque année — au bout d’un moment, on devient référent, et au bout d’un moment, cela paie. Par contre, cela peut mettre un peu de temps. Il y a une vraie combinaison à avoir entre contenu de haute qualité et achat de lien. Je ne suis pas pour dire qu’on met tout le budget offline sur les plateformes d’achat de liens. Même toi qui représentes une plateforme d’achat de lien, je pense que tu seras d’accord avec moi qu’avoir un équilibre est important. Il y a des choses qui marchent sur le court terme, comme l’achat de lien, et des choses qui peuvent marcher sur le long terme, comme avoir de la créativité dans ses contenus, créer une marque et faire du marketing au sens large.

Maxime : Oui, les deux permettent de travailler les choses sur le long terme. Nous, en interne chez Rocket Marketing, on développe Reech, une agence de marketing d’influence, et depuis une dizaine d’années, tous les ans, on fait une étude sur le marché de l’influence. On a réussi à créer un rendez-vous chez les médias qui vont parler naturellement de l’étude. Le problème qu’on observe, c’est que même si les médias parlent de nous, parfois, il n’y a pas de lien à l’intérieur des articles, parce que c’est leur politique de ne pas faire de liens externes, sauf s’ils sont sponsorisés. Même quand on a des liens, parfois, ils ne renvoient pas vers les bonnes pages avec les bonnes ancres. Et il y a des médias qui ont compris qu’on pouvait être annonceur, et qui s'empêchent de nous mentionner, à moins qu’on paie pour cela.

Laura : Est-ce que tu penses que les mentions — par exemple, on mentionne Reech, mais sans faire de lien vers Reech — est-ce que tu penses que cela participe à quelque chose ? Est-ce que tu penses que c’est une sorte de "soft backlink" ?

Maxime : Quand on voit la manière dont fonctionnent les IA aujourd’hui, elles ne fonctionnent plus sur les liens mais plutôt sur les mentions, ou la probabilité que quelque chose soit mentionné à côté de quelque chose d’autre. On peut imaginer qu’on commence à préparer, par les mentions, le futur des algorithmes des IA et des moteurs de recherche.

Laura : Oui, la visibilité. Quand tu parles d’IA, pour repréciser, tu parles des assistants avec de l’IA, donc de ChatGPT, de Copilot. En effet, si on retrouve une occurrence de "Reech" à côté de "influence marketing" répété à travers le web, si tu demandes à ChatGPT : "Cite-moi une agence d’influence marketing", Reech va potentiellement ressortir.

Laura : Est-ce que l’utilisation des PBN est encore une stratégie viable pour améliorer son SEO en 2024 ?

Maxime : PBN signifie "Private Blog Network", c’est-à-dire un réseau de blogs ou de sites informatifs. L’objectif de ces sites est de faire la promotion d’autres sites, en général un site e-commerce ou un site corporate, en tout cas le site qui est censé convertir le prospect.

Le terme "Private" a de moins en moins de sens. Il y a de moins en moins de SEO ou de marques qui ont leur propre réseau de sites. Ils vont plutôt faire appel à des éditeurs de réseaux de sites, qui vont louer ou vendre des liens ou des articles sur ces sites. Les PBN, on va dire que ce sont souvent des articles de qualité moyenne, avec des très bons PBN, ou des PBN de moins bonne qualité. On va dire que c’est souvent considéré comme des liens de qualité moyenne, assez peu chers, avec une puissance de lien qui est assez variable, mais souvent dans la moyenne ou en dessous de la moyenne.

Ce n’est pas parce que ce sont des liens dans la moyenne qu'il ne faut pas s’y pencher. Cela permet de varier les ancres, cela permet de faire du second niveau. Le second niveau, c’est une stratégie qui consiste à aller créer des liens vers les liens sur plusieurs niveaux. Il y en a qui appellent cela la pyramide de liens, avec tiers 1, tiers 2, tiers 3. C’est une stratégie qui se fait beaucoup sur les requêtes concurrentielles ou quand on est arrivé au bout de tous les médias de qualité pour lesquels on peut avoir un lien direct.

Les PBN permettent cela, en fait : de créer des liens de second niveau. Cela permet aussi de varier les landing pages en quantité. C’est plus compliqué sur des médias qui coûtent plus cher, mais ça reste rentable.

Les problèmes arrivent quand on ne fait que du PBN ou quand on suroptimise les ancres sur ce genre de sites. Cela ne paraît pas naturel aux yeux de Google, et le jeu du netlinking, le jeu d’une stratégie de netlinking efficace, c’est de paraître naturel aux yeux de Google.

 

Laura : Parlons trafic. Cette question est facile : est-ce qu’un backlink positionné sur une page qui fait du trafic a plus de puissance qu’un lien sur une page qui ne fait pas de trafic ?

Maxime : Oui, tu as raison, c’est assez simple. Je dirais vrai. Surtout avec les Google Leaks, on a eu la confirmation de ce qu’on supposait depuis un moment. Cela fait potentiellement partie des critères d’appréciation de la qualité aux yeux de Google d’une page. On en parlait juste avant. Donc à choisir entre un lien qui fait du trafic et un lien qui n’en fait pas, choisis celui qui fait du trafic. Parce qu’au-delà du SEO, si la page sur laquelle est le lien fait du trafic, cela veut dire que les gens vont cliquer sur mon lien, et je vais obtenir du trafic direct, en plus du poids dans l’algorithme.

Mais à partir du moment où on dit cela, il y a certaines personnes qui vont penser qu’il faut uniquement des liens sur des pages qui génèrent du trafic. Et ça, ce serait pas naturel aux yeux de Google, donc c’est faux. Un lien qui est sur une page qui ne génère pas de trafic, ça ne veut pas dire qu'il n'envoie pas de puissance SEO, et ça, c’est important à retenir.

Nos benchmarks montrent que, en général, il y a une très grande proportion de liens sur des pages qui ne font aucun trafic, entre 80 % et 85 % des liens vers les sites des secteurs d’activité que nous avons analysés ne font pas de trafic. Donc, ce ne serait pas naturel d’avoir uniquement des liens sur des pages qui génèrent du trafic, comme ce ne serait pas naturel non plus d’avoir uniquement des liens sur des pages qui ne génèrent pas du  tout de trafic. Il faut un bon mix de tout cela.

Laura : Conclusion de ton benchmark : est-ce que tu penses que c’est parce que nous, les référenceurs, on a pourri le web, et que du coup, ça devient la norme d’avoir des liens depuis des pages qui ne font pas de trafic ? Ou est-ce que c’est juste la nature du web d’avoir des pages qui ne font pas de trafic et qui se lient entre elles ?

Maxime : Je pense que c’est la nature du web, et c’est prouvé que l’impact des liens, même sans considération de trafic, permet d’avoir des résultats qui sont plus pertinents d’un point de vue utilisateur sur Google. Il y a une étude que montrent Sylvain et Guillaume Peyronnet dans leur formation, qui est vraiment éclairante là-dessus. À l’époque, on ne tenait même pas compte du trafic des liens. Si on a une source d’autorité qui nous fait un lien, même sur une page très profonde qui ne génère pas de trafic, Google fait bien de le prendre en compte, et ses résultats s’en trouvent forcément améliorés en termes d’expérience utilisateur.

Laura : Une page qui ne génère pas de trafic, ok. Mais qu'en est-il d'une page qui n’est pas indexée ?

Maxime : Là, j’aurais tendance à dire que ça n’envoie pas de puissance. Mais je t’avoue que je ne me suis pas vraiment penché sur la question. Je pense qu'il y a dû y avoir des tests sur le sujet. J’imagine que ça n’a pas d’impact, c'est-à-dire qu'un lien sur une page qui n’est pas indexée n'améliore pas la puissance du site censé recevoir le lien.

Laura : Maillage interne. J’ai l’impression que le maillage interne a pris de plus en plus d’importance par rapport aux backlinks externes. J’aimerais bien ton avis là-dessus.

Maxime : Moi, je pense que les deux leviers ont toujours été super importants. Je ne pense pas que ce soit deux choses qu’on doit opposer, un peu comme les liens naturels et les liens que l’on peut acheter. Si on a un site énorme avec plusieurs millions de pages, avoir une stratégie de maillage interne cohérente, c’est un must have. À l’inverse, si on a un site d’artisan ou de PME où tout est à un clic de la page d’accueil, le maillage interne a moins d’importance.

Laura : Il y a une vision du maillage que j’aime bien, qui est de dire — et tu l'as dit, hein, on ne les oppose pas — que les liens, qu'ils soient internes ou externes, ce sont des liens. Peu importe qu’ils soient internes ou externes au site, voyons juste la page dans son environnement, peu importe que ce soit des liens qui viennent de mon site ou d’autres personnes. Quand on voit cela comme ça, déjà on prend un peu de recul, et du coup, on voit vachement différemment tout son maillage, et on l’optimise de manière différente.

Laura : Parlons un petit peu d'ancres avant de parler des outils. Est-ce que les ancres optimisées — donc quand on dit "ancre optimisée", c’est le mot-clé exact, par exemple "assurance auto" — sont risquées ?

Maxime : Oui, je pense que c’est risqué. Il y a clairement un filtre sur les ancres optimisées. Il me semble qu’on en a même la confirmation dans les Google Leaks, mais je ne veux pas dire de bêtises. C’est certain que Penguin, et tous les algorithmes qui s’en suivent sur l’analyse des liens externes, se basaient presque uniquement là-dessus pour qualifier l’aspect naturel ou non du lien.

En revanche — et c’est assez paradoxal — on a remarqué que c’est très dur de se positionner sur des requêtes ultra-concurrentielles ou très concurrentielles sans avoir au moins une seule ancre optimisée, voire même une ancre suroptimisée, quand la requête ne contient pas un mot vide. Par exemple, nous on fait la distinction entre ancre optimisée et ancre suroptimisée. "Serrurier à Paris", je dirais que c’est une ancre optimisée, et "serrurier Paris", c’est une ancre suroptimisée, parce qu'avoir un lien "serrurier Paris" sans le "à" entre "serrurier" et "Paris", c’est vraiment incorrect en français. Donc avoir un lien dans n’importe quel contenu avec ce mot-clé-là, c’est qu’on a fait cela vraiment pour le SEO.

Laura : Alors que "assurance auto", par exemple, cela reste naturel, car "auto" devient un adjectif d’"assurance".

Maxime : Donc pour moi, il faut avoir au moins un lien avec une ancre optimisée ou suroptimisée sur des requêtes très concurrentielles. Mais pas trop, évidemment, parce qu’on sait que cela peut être risqué. Quand on fait cela, on a plutôt intérêt à le faire sur le meilleur lien que l’on compte faire. Je regardais, il y a quelques jours, la requête "serrurier Paris", pour rester dans le thème. Dans le top 3, il y a toujours au moins une ancre suroptimisée, vraiment sur la requête "serrurier Paris". Je suis allé voir tous les résultats, je suis allé renseigner l’URL dans Majestic, et j’ai pu trouver à chaque fois l’ancre suroptimisée dans les liens, vraiment juste "serrurier Paris". Il n’y a que trois sites dans le top 10 qui n’ont pas l’ancre "serrurier Paris". Et quand ils ne l’ont pas, ils ont quand même "serrurier Paris" plus le nom du site. Ils ont quand même des mots-clés quelque part dans les ancres. Ça, c’est plutôt ce qu’on va appeler une ancre semi-optimisée. En revanche, sur une requête moins concurrentielle, de longue traîne, si le site est puissant et que le maillage interne est bon, on n’est pas forcément obligé d’avoir une ancre suroptimisée.

Laura :  Si tous mes concurrents ont des ancres optimisées, il faut que j’ai des ancres optimisées.

Maxime : Oui, je dirais, pour rester dans la norme statistique.

Laura : Parce que je deviens une anomalie si je n’ai pas d’ancres optimisées mais par contre, que je bourrine en nombre de liens.

Maxime : Il y a des acteurs qui ont pu bourriner à un certain moment où c’était encore possible, et aujourd’hui, ça peut être plus risqué. Je pense qu’il faut prendre l’ancre optimisée pour ce qu’elle est : souvent, c’est la preuve que le lien est non naturel. Je pense qu'il faut vraiment faire attention à cela. C’est nécessaire, mais il faut vraiment faire attention.

Laura : Tu parlais tout à l’heure de Penguin, qui est donc arrivé dans les années 2013-2015, je dirais un truc comme ça. C’était l’algorithme qui pénalisait, avec des pénalités violentes, et qui pouvait même faire disparaître un site. Est-ce que ces pénalités existent toujours en 2024 ?

Maxime : Oui, cela existe toujours. Après, c’est moins fréquent. La pénalité manuelle, c’est un peu un aveu de faiblesse de Google de devoir ressortir ce genre de chose, contrairement au travail algorithmique qui peut trier le bon lien du mauvais lien. Mais de temps en temps, Google doit encore rappeler à l’ordre pour montrer l’exemple. Ils ressortent une pénalité manuelle. Mais pour recevoir une pénalité manuelle en 2024, il faut y aller, il faut vraiment abuser. Il faut vraiment abuser sur les ancres optimisées.

Cela fait plusieurs années que je n’ai pas vu de pénalités manuelles de ce genre, mais c’est quelque chose qui a été intégré par la majorité des SEO. Avant Penguin, on faisait presque que des ancres optimisées, et après Penguin, on en faisait presque plus. Donc tout cela a été internalisé, et il y a beaucoup moins de problèmes. Google a moins besoin de montrer l’exemple, parce qu’on est à des années-lumière de la situation d’il y a 10 ans. Il y a 10 ans, beaucoup faisaient des choses qui n’étaient pas du tout naturelles.

Laura : Je pense qu'il y a 10 ans, on arrivait à passer sous les radars parce que le moteur algorithmique n’était pas aussi performant qu’aujourd’hui. On avait Panda, on avait Penguin. Aujourd’hui, il y a tous ces algos qui sont intégrés, il y a la Spam Update qui est là. Je pense qu’on se fait rapidement sanctionner ou taper sur les doigts bien avant d’arriver aux raisons qui justifieraient une pénalité manuelle. Donc on voit moins de pénalités manuelles parce qu’on n’a même pas l’occasion de vraiment faire n’importe quoi pour justifier une telle pénalité, quoi.

Maxime : Oui, je suis d’accord. Le marché étant beaucoup plus mature, je pense que les gens font des choses de manière beaucoup plus qualitative, ce qui ne met pas Google mal à l’aise. Donc, il n’a plus besoin de montrer l’exemple comme avant.

Laura : J’ai une dernière petite question, que j’aime bien aborder avec les gérants de plateformes, ou tout du moins les éditeurs d’outils. Comment et pourquoi dit-on que les indicateurs de linking sont manipulables ?

Maxime : Google est manipulable déjà, donc il paraît évident que Majestic, Moz, Ahrefs ou SEMrush, qui sont des outils que l’on utilise beaucoup et que l’on intègre chez RocketLinks, puissent être manipulables. C’est pour cela qu’on recommande de ne pas regarder les datas d’un seul outil, mais plutôt de les analyser tous en même temps. Cela permet de limiter le risque qu’un éditeur ait manipulé les données d’un seul outil. Parce que manipuler les datas pour tous les outils, sachant qu’ils ont des algorithmes différents les uns des autres, des bases de données différentes, ça peut être compliqué et ça peut valoir parfois plus cher que juste faire du travail de qualité.

C’est pour cela que beaucoup d’éditeurs et de médias font du travail de qualité aujourd’hui. Nous, c’est la raison pour laquelle on intègre beaucoup d’outils SEO du marché, pour avoir cette vision globale. Et puis on intègre aussi des outils innovants et montants, comme Babbar, qui permettent justement d’être plus exhaustifs dans les données.

Le KPI qui paraît le moins manipulable, c’est le nombre de keywords sur lesquels un site se positionne. C’est ce que l’on peut voir quand on tape les requêtes sur Google. Cela reste encore un peu manipulable dans le sens où on peut facilement se positionner sur des keywords peu concurrentiels.

Laura : Il faudrait presque filtrer le nombre de mots-clés pertinents sur lesquels le site est positionné, plutôt que le nombre total de mots-clés.

Maxime : Exactement.

Laura : D’ailleurs, petite promo au passage, parce qu’on parle de plein d’outils qu’on adore. Haloscan, qui est un outil concurrent d'Ahrefs et SEMrush sur l’étude des mots-clés, a un vrai écart de nombre de mots-clés sur lequel le site est positionné, de 1 à 2, en fait. Il a deux fois plus de mots-clés. Alors ça ne veut pas dire que les données sont biaisées, mais simplement qu'Haloscan est plus spécialisé sur la France, alors que les autres sont mondiaux. Donc, il a plus de data.

Laura : Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour la fin d’année 2024 ?

Maxime : Je pense qu’on puisse déployer la roadmap qu’on s’est fixée pour RocketLinks : toujours faire gagner plus de temps à nos clients dans le déploiement de stratégies netlinking gagnantes. Et puis concrètement, il ne faut pas hésiter à nous contacter si vous avez des questions subsidiaires à ces questions qui étaient déjà bien exhaustives. On sera ravis de répondre à vos problématiques de netlinking.

Laura : Super. Merci pour ta disponibilité, et longue vie à RocketLinks, Rocket Marketing, Ereferer et Reech !

Maxime : Merci beaucoup Laura !