NavBoost, c’est l’algorithme de classement de Google dévoilé lors du procès antitrust et de nouveau sur le devant de la scène avec le Google Leak. Mais à quoi sert-il, au juste ? Comment utilise t-il les clics des utilisateurs ? On vous explique tout sur son fonctionnement. 

Ce qu'il faut retenir :

  • NavBoost est un algorithme qui utilise les clics des utilisateurs pour améliorer la pertinence des résultats de recherche ; 
  • Google a longtemps nié l'importance des clics dans le classement, mais le procès antitrust et le Google Leak ont prouvé leur rôle décisif.

Qu'est-ce que NavBoost ?

NavBoost est un algorithme avancé de Google, conçu pour améliorer les résultats de recherche en se basant sur les interactions des utilisateurs avec les pages de résultats de recherche. Contrairement à d'autres signaux de classement qui se concentrent principalement sur des aspects techniques ou de contenu des sites web, NavBoost met l'accent sur les clics des utilisateurs. En d'autres termes, il prend en compte la manière dont les utilisateurs interagissent avec les résultats de recherche pour déterminer la pertinence et la qualité des pages proposées.

NavBoost fonctionne en mémorisant les clics des utilisateurs sur une période de 13 mois (18 mois avant 2017). Cette mémorisation permet à Google d'analyser les comportements de navigation des utilisateurs sur une période étendue, et ainsi de mieux comprendre quelles pages répondent le mieux aux requêtes des utilisateurs. 

L'objectif principal de NavBoost est d'améliorer l'expérience utilisateur en fournissant des résultats de recherche plus pertinents et plus précis, notamment pour les requêtes de navigation, où l'intention de l'utilisateur est de trouver un site ou une page spécifique.

Comment NavBoost fonctionne-t-il ?

Le fonctionnement de NavBoost repose sur l'analyse des clics des utilisateurs et d'autres signaux comportementaux. Lorsque les utilisateurs effectuent des recherches et cliquent sur des résultats, ces interactions sont enregistrées et analysées par NavBoost. Voici quelques étapes clés du processus :

  1. Collecte des clics : Chaque fois qu'un utilisateur clique sur un résultat de recherche, cette action est enregistrée. NavBoost conserve ces données pour toutes les requêtes reçues au cours des 13 derniers mois.
  2. Analyse des comportements : NavBoost examine les taux de clics (CTR), les comportements de navigation, la qualité des sites, et la pertinence contextuelle. Par exemple, si une page reçoit de nombreux clics pour une certaine requête et que les utilisateurs passent du temps sur cette page sans revenir rapidement aux SERP (pogosticking), cela indique que la page est pertinente et de qualité.
  3. Segmentation des données : NavBoost crée des ensembles de données distincts pour les recherches mobiles et desktop, ainsi que pour les différentes localisations géographiques. Cela permet d'ajuster les résultats de recherche en fonction du contexte de l'utilisateur.
  4. Intégration avec d'autres algorithmes : Bien que NavBoost soit un signal important, il fonctionne en conjonction avec d'autres algorithmes et signaux de classement de Google. Par exemple, des systèmes comme "Glue" analysent d'autres interactions utilisateurs sur la page, telles que les défilements et les survols.

Le procès antitrust et la découverte de NavBoost

Pendant de nombreuses années, Google a nié que les clics des utilisateurs aient un impact sur le classement des résultats de recherche. Cette position a été remise en question lors du procès antitrust de 2023, où des révélations importantes ont été faites concernant NavBoost et donc, la prise en compte des clics comme un critère de ranking important.

Ce procès visait à examiner les pratiques de Google en matière de monopole et de concurrence déloyale. Pendant les audiences, plusieurs documents internes et témoignages ont révélé des informations cruciales sur le fonctionnement interne de Google et ses algorithmes de classement.

Historique et contexte

NavBoost existe depuis 2005 et a été mis à jour à plusieurs reprises. L’algorithme est visiblement basé sur un brevet de 2004 intitulé "Systems and methods for correlating document topicality and popularity". 

Ce brevet, coécrit par Amit Singhal, décrit comment Google utilise les interactions des utilisateurs pour déterminer la popularité et la pertinence des documents. Bien que le brevet ne mentionne pas explicitement les clics, il fait référence aux "modèles de navigation des utilisateurs", qui incluent nécessairement les clics.

Témoignages du procès antitrust

Pandu Nayak, vice-président de la recherche chez Google, a témoigné que NavBoost est un des signaux de classement les plus importants lors du procès antitrust tenu en 2023. Il a expliqué que NavBoost analyse les clics des utilisateurs pour ajuster les scores de pertinence des pages. Selon Nayak, ce système aide à réduire la liste des documents à une sélection plus gérable et pertinente pour les utilisateurs. Ce témoignage contredit les déclarations antérieures de Google, niant l'importance des clics.

Impact sur le classement

NavBoost modifie les scores des documents en fonction des clics des utilisateurs. Par exemple, une page qui reçoit de nombreux clics pour une certaine requête verra son score de pertinence augmenter, ce qui peut améliorer son classement dans les résultats de recherche. À l'inverse, une page avec peu de clics ou des taux de rebond élevés peut voir son score diminuer.

Le Google Leak et ses révélations sur NavBoost

Fin mai 2024, une fuite massive de 2500 documents internes de Google a révélé des informations importantes sur NavBoost, mettant en lumière son rôle central dans le classement des résultats de recherche grâce aux clics des utilisateurs. Voici les points clés :

  • Collecte des données de clics : NavBoost collecte les données de clics des utilisateurs à partir du navigateur Chrome. Ces clics sont utilisés pour évaluer la pertinence et la qualité des pages de résultats.
  • Analyse des comportements utilisateurs : Les documents montrent que NavBoost analyse non seulement le nombre de clics, mais aussi leur durée. Les clics longs (où l'utilisateur reste longtemps sur la page) sont positivement pondérés, tandis que les clics courts (où l'utilisateur revient rapidement aux SERP) sont considérés comme négatifs.
  • Analyse des clics “écrasés” : Par clics écrasés, Google entend des clics qu’il juge moins fiables ou pertinents. Les clics non écrasés sont ceux qui sont considérés comme de haute qualité. NavBoost prend également cela en compte.
  • Re-ranking basé sur les clics : NavBoost utilise les données de clics pour réajuster les classements des pages dans les SERPs. Une page recevant beaucoup de clics longs ou non-écrasés verra son score de pertinence augmenter, améliorant ainsi son classement.
  • Segmentation des données : NavBoost segmente les données de clics par géographie et type d'appareil (mobile vs desktop) pour affiner encore plus la pertinence des résultats de recherche.

Ce que ça change pour les SEO

La reconnaissance officielle des clics comme un facteur de classement important a des répercussions pour les professionnels du SEO, bien que la plupart pensaient déjà que les clics étaient pris en compte par le moteur de recherche, malgré ses déclarations. Quelques recommandations en vrac pour optimiser un site en fonction de l’algorithme NavBoost :

  • créez une arborescence de site logique et bien organisée, pour que les utilisateurs trouvent facilement l’information qu’ils recherchent, avec des menus clairs et des liens internes pertinents ; 
  • travaillez votre UX : concevez un site avec une navigation pratique et des pages attrayantes pour conserver les utilisateurs sur votre site le plus longtemps possible ; 
  • optimisez la vitesse de chargement de votre site pour éviter de perdre vos visiteurs avant même qu’ils n’aient pu accéder à votre page ; 
  • veillez à ce que votre site soit bien responsive et optimisé pour un affichage mobile, pour éviter de perdre des visiteurs qui trouveraient votre interface peu pratique sur smartphone ; 
  • répondez bien à l’intention de recherche utilisateur pour éviter les clics courts et donc un fort taux de rebond qui enverrait un mauvais signal à NavBoost.