Dans un récent épisode du podcast « Hard Fork » publié par le New York Times, Sundar Pichai s’est livré à quelques confidences sur la stratégie adoptée par Google pour renverser la vapeur avec Bard, face à un ChatGPT qui semble avoir pris une bonne longueur d’avance. Le PDG de Google est également revenu sur l’avenir de Google Search.
Ce qu’il faut retenir :
- Google est parfaitement conscient de la déception engendrée par le lancement de Bard
- Bard doit prochainement passer à la vitesse supérieure en s’appuyant sur des modèles bien plus performants
- Sundar Pichai prône l’audace et la responsabilité pour illustrer l’approche de Google en matière d’IA
- La barre de recherche de Google Search pourrait à l'avenir proposer de nouvelles fonctionnalités
Le lancement décevant de Google Bard
Lancé plusieurs mois après ChatGPT, Google Bard n’a pas vraiment réussi à convaincre les utilisateurs. La faute à une technologie plus limitée que celles déployées par OpenAI et Microsoft Bing. D’ailleurs, Sundar Pichai l’admet : Google n’a pas été à la hauteur des attentes portées en lui. Et pour illustrer ce décalage, le CEO de Google compare Bard à une Honda Civic améliorée qui aurait été mise en compétition avec des voitures plus puissantes. Si la petite citadine de Google s’en sort bien avec de très nombreuses classes de requêtes, difficile pour elle de rivaliser avec les Ferrari qu’OpenAI et Microsoft Bing ont fait entrer dans la course.
Malgré tout, Sundar Pichai se montre confiant quant à l’avenir de son IA conversationnelle, assurant que Google dispose de modèles plus performants qui seront prochainement intégrés à Bard. Victime d’un excès de prudence (ou d'un retard à l'allumage ?), Google compte bien changer la donne. Cette mise à jour devrait notamment améliorer les capacités de l’IA de Google en termes de raisonnement, de codage et de calculs mathématiques ; autant de faiblesses pointées du doigt par les premiers testeurs. Google Bard devrait ainsi passer de 137 milliards de paramètres (LaMDA) à 540 milliards de paramètres (PaLM), sachant que la version de test de Bard fonctionnait sur une version allégée de LaMDA. Si on ne connaît pas le nombre de paramètres intégrés à GPT-4, on sait toutefois que GPT-3 dispose de 175 milliards de paramètres. On vous a d’ailleurs récemment parlé de l'amélioration des capacités logiques de Bard.
Innovation, impact sociétal et responsabilité
Sundar Pichai ne pouvait pas échapper aux préoccupations du moment : quid de l’impact des IA sur le quotidien de millions de professionnels et sur la société dans son ensemble ? Bien qu’il reconnaisse que ces technologies nécessiteront forcément une période d’adaptation, le PDG de Google se montre plutôt confiant, prenant l’exemple d’un avenir où les IA permettront de rendre la programmation à la fois plus agréable et plus accessible.
Quant aux risques et dérives inhérentes aux IA, Google prône l’audace, mais aussi la responsabilité, affirmant avoir délibérément choisi d’attendre le bon moment pour connecter Bard aux modèles les plus performants. Selon le CEO de Google, l’important est avant tout de trouver le bon équilibre entre innovation et responsabilité.
Quel avenir pour Google Search ?
Concernant le futur de Google Search, Sundar Pichai a laissé entendre que la légendaire barre de recherche pourrait laisser sa place à une ligne de commande donnant l’accès à plusieurs tâches différentes, sans toutefois prôner une solution unique pour chaque interaction : « Même si je pense que le champ des possibles est vaste, pour moi, il est important de le faire de manière à ce que les utilisateurs utilisent beaucoup de choses. Et nous voulons les aider à faire les choses d’une façon qui a du sens pour eux. »
Sur Twitter, Michael Schechter, vice-président croissance et distribution chez Microsoft, a souhaité répondre à l’interview du patron de Google avec un message quelque peu sentencieux : « les océans montent, les empires s’effondrent ».