Avez-vous remarqué que, dans les publicités télévisées pour la marque Carglass, il est demandé de taper « carglass.fr » au lieu de « carglass » dans son navigateur pour aller sur le site de la société ? Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi ? En voici la raison...
Vous connaissez certainement la marque Carglass, qui vous propose de réparer ou changer votre pare-brise directement chez vous, à votre travail ou dans ses ateliers. Ses publicités, basées sur le côté avenant des employés qui viendront chez vous faire ce travail et qui témoignent à l'écran, sont très connues, de par leur côté plutôt sympathique et le petit cadeau habituel fourni avec la prestation (balais d'essuie-glace, etc.)
Bref, ces publicités fleurissent sur nos écrans depuis de longues années. Mais peut-être avez-vous noté que, depuis quelques mois, à la fin du spot TV, il est indiqué que, si vous désirez aller sur leur site web, il faut « bien taper .fr après carglass pour être sûr d'arriver sur le site. »
Voici deux de ces publicités :
À la seconde 24 (sur 30), il est demandé de bien taper le "fr" à l'adresse pour aller directement sur le site Carglass.fr. Source de l'image : YouTube
À la seconde 17 (sur 25), il est demandé de bien taper le "fr" à l'adresse pour aller directement sur le site Carglass.fr. Source de l'image : YouTube
Vous voyez ce que je veux dire ? Chaque fois que je tombe sur cette publicité, je suis étonné par ce message. En effet, pourquoi demander expressément dans un publicité TV (dans laquelle chaque seconde coûte un bras) de taper un ".fr" à la requête pour aller directement sur le site, plutôt que de taper simplement "carglass" et, dans l'immense majorité des cas, de tomber sur la page de résultats du moteur de recherche pour cette marque, dans laquelle l'adresse du site sera visible sans problème ?
Car, si vous tapez [carglass] sur Google, la société thésaurise la majorité des liens SEO : bien sûr le knowledge graph, mais aussi la première position (avec, de façon logique, des sitelinks qui lui donnent une belle visibilité), le "pack local" en général avec tous les liens pointant vers les espaces de vente locaux, etc. Bref, du Carglass partout. En clair, Carglass n'a pas de problématique SEO notable sur sa marque. Mais en fait, le problème n'est pas à ce niveau.
Les Google Ads dans le viseur
Pour en avoir le cœur net, nous avons donc contacté Christophe Viala, Responsable marketing Digital chez Carglass, pour qu'il nous explique ce qu'il en était. Et il a été très clair.
En fait, la réponse est assez simple : quand on tape le nom de la marque sur Google, les publicités Google Ads qui apparaissent ne vous emmèneront pas toujours chez Carglass, mais parfois chez des concurrents, soit parce que la requête a été achetée en mode "large", soit tout simplement parce que certains concurrents mal intentionnés ont directement acheté la marque auprès du moteur de recherche (qui permet ce type de manipulation peu courtoise). Et la société ne désire pas obligatoirement, de façon logique, que ce type de lien soit affiché lorsqu'on recherche son enseigne de façon nationale ou locale. Il faut aussi noter que plus il y a de sociétés achetant la marque Carglass en SEA, et plus cela fait monter les enchères, augmentant ainsi le budget de Carglass s'il désire être en bonne position en Google Ads sur sa marque (ce qui est une stratégie assez courante). Pas très cool...
C'est aussi simple que cela. Et on a toujours beaucoup de peine à comprendre le fait que Google puisse accepter de telles pratiques sans se poser la moindre question éthique à leurs sujets... Quand les dollars entrent dans la caisse, on devient vite amnésique...
PS : peut-être vous apercevrez-vous également que désormais, la marque de régimes alimentaires "Comme j'aime" fait exactement la même chose dans certaines de ses publicités...
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Surtout, Carglass ne vient plus à domicile ou sur le lieu de travail, ils proposent désormais « un rendez-vous rapide » dans leurs centres. Du coup, ils ont très très intérêt à ce que les gens ne tombent pas sur la page de recherche et voient que la concurrence vient à domicile. Pour ma part, je ne ferais plus appel à Carglass puisqu’il y a mieux.
Ce n’est pas que pour contrer les concurrents. C’est surtout pour limiter le coût des Adwords. Dans Chrome, une recherche « carglass.fr » emmène directement sur le site de Carglass alors qu’avec une recherche « carglass » l’internaute passe par la page des résultats de la recherche et il y a de grandes chances pour qu’il clique sur le lien sponsorisé de Carglass (ce qui doit coûter une fortune à Carglass).
Fortnite a fait la même a la sortie d’apex légend . Si vous tapiez « apex légend » dans Google le premier lien était « battle Royale gratuit » sans aucune mention de fortnite mais qui redirigez vers le site de téléchargement de fortnite .
C’est de bonne guerre commerciale ..
Carglass doit prendre 90% de la réparation de pare-brise en France avec ces pub que tout le monde connaît .. s’ils en laisse un peu aux autres ça leur fera pas de mal
Faut voir le bon côté des choses : ça aide les utilisateurs à comprendre qu’un moteur de recherche n’est pas obligatoire pour accéder à un site web ! Utilisons la barre d’adresse directement, ça économisera des ressources. Prochaine étape : les marques-pages !
J’avais vue passé une condamnation pour l’affaire « Cobrason » qui vais fait condamné son conçurent qui achetais les publicité en 2011 sur ça marque, d’ailleurs Google avais aussi était mis en cause :
https://www.village-justice.com/articles/Sanction-Google-annonceurs-Adwords,10360.html
Merci, je m’étais posée la même question, en soupçonnant cette réponse.
Intéressant cet arrêt Cobrason. Mais à ma connaissance (sauf nouveauté depuis) c’est encore cette affaire Interflora https://www.village-justice.com/articles/Affaire-Interflora-Florajet-sur,19352.html qui fait jurisprudence…raison pour laquelle les avocats, qui s’arrachent les cheveux sur le sujet, vous conseillent, quand un concurrent essaie de siphonner votre trafic de notoriété avec ce type de pratique de voyous…d’en faire autant !
PS: un gros bémol sur le sujet (et c’est comme ça que j’ai réussi à convaincre certains de mes concurrents de se calmer sur le siphonnage du trafic de ma marque) : c’est légal MAIS:
-1) vous passez pour un voyou pour les internautes qui comprennent très bien que vous enchérissez sur le nom d’un concurrent (de plus adieu les relations cordiales avec ledit concurrent, qui va immanquablement détester ça….et Dieu sait quel effet boomerang vous allez recolleter un jour… )
2) si vous vous intéressez au Quality Score des mots clefs en question (il n’y a pas pire, c’est logique) quand vous enchérissez sur une marque concurrente ainsi qu’au taux de conversion en face, vous allez comprendre que ce type de pratique est doublement stupide: ça coute une fortune et logiquement ça ne convertit pas !! (j’ai fait le test pour me venger d’un concurrent, c’est ce qui m’a permis de comprendre): super calcul !
3) Vous allez devoir vous protéger de la pratique inverse et faire de l’adwords sur votre propre nom, soit payer pour un trafic de notoriété normalement naturel et gratuit: re-super calcul !
4) vous vous exposez, en faisant ça, à un retournement de la jurisprudence …et au coup de bambou qui peut aller avec, même rétroactivement.
Bref, si certaines agences continuent à encourager leurs clients dans ce sens (no comment) ça fait au moins 4 raisons de ne pas jouer au cowboy..
Je ne vois pas ce qu’il y a d’immorale a acheter le nom d’un concurrent.
Ca ne fait que répondre a l’intention du visiteur.
Quand il tape « carglass » l’intention peut aussi bien etre de reparer son pare brise que de vouloir aller sur le site de carglass.
Ca parait legitime de proposer des alternatives a ceux qui souhaite juste réparer leur pare brise.
Quand un magasin se place juste a cote d’un concurrent en physique (par mc do et quick /BK) c’est exactement la même logique, capter le trafic du concurrent
Le mieux quand on a un pare brise à changer, c’est d’aller chez son concessionnaire, qui mieux que lui connait votre véhicule ?
n’importe quoi : le concessionnaire est juste compétent pour te vendre des véhicules, mais pour les réparations de pare-brise ils ne sont pas du tout spécialistes
Si je tape carglass.fr dans le moteur de recherche, il y a encore plus de résultats d’annonce google ads dans les résultats que juste avec la requete carglass…
J’allais le dire. Je ne sais pas si les concurrents ont déjà rebondi sur le sujet, mais avec carglass.fr, les annonces Google Ads sont bel et bien là…
C’est une question que je m’étais posé aussi. Merci d’avoir interrogé Carglass.
Non seulement cela a un coût, mais en plus cela gâche la publicité d’une certaine manière.
Je m’étais aussi interrogé sur le .com utilisé par la maison-mère, ce qui est assez étrange alors qu’il y aurait pu y avoir une redirection sur le .fr
J’imagine également qu’il y a des gens qui cliquent direct sur le Google Ads de Carglass même après avoir vu la publicité, ce qui cause une facturation inutile.
Vous avez tous raison quand vous dites que Google ne devrait pas permettre de se positionner sur le nom de ses concurrents, ou en tout cas ne pas l’afficher dans les premiers résultats. Mais Google n’ayant aucun intérêt à faire autrement…
À voir si d’autres annonceurs font la même chose.
Pour ceux qui ne connaissent pas plus que ça Google Ads et comme certains l’ont souligné ici, mais trop peu, il est important de savoir que Google peut positionner une annonce lors d’une recherche « concurrent » sans que l’annonceur l’ait spécifiquement indiqué.
Donc ne jeter pas des pierres trop vites sur les concurrents, ils ne sont possiblement même pas au courant sur les marchés plus modestes et n’ont possiblement pas l’envie de sortir sur telle ou telle marque. Il est toujours possible de les contacter normalement pour voir avec eux et sortir une marque.
oui, c’est ce que je dis dans l’article, ça peut aussi venir d’une requête achetée en mode « large », par exemple. J’ai eu plusieurs fois le cas… En même temps, prendre des marques en mode large, c’est pas top non plus côté Google…
Merci et bravo pour l’enquête Olivier !
Tellement plus simple avec https://www.bing.com/search?q=carglass 😉
Vous confirmez bien ce que j’avais pensé en voyant la pub,
Par contre, il y a quelques années j’avais travaillé avec une agence spécialisée en SEA et ils m’avait dit que cela était n’était pas légal d’acheter la marque d’un concurrent,
Est-ce vrai ? C’est possible d’effectuer des recours (auprès de google ou juridique) dans ces cas là ? Ou c’est juste une question de morale ?
Merci !
Je pense que beaucoup n’ont pas compris qu’il ne s’agissait pas de taper xxx.fr dans un moteur de recherche mais dans la barre d’adresse d’où beaucoup de confusion dans les commentaires. C’est quand taper xxx.fr amène sur un moteur qui liste yyy.fr que ça m’exaspère. Je connais des cas comme ça. Mais taper carglass.fr dans la barre d’adresse ça fonctionne et on ne passe pas par la case moteur de recherche.
Bonjour,
Pour mieux comprendre la philosophie de GG, voyez « L’age du capitalisme de surveillance » de Soshanna Zuboff. Un pavé que se lit comme un roman policier.
Prenez soin de vous
Même problème chez les cuisinistes et tout les corps de métier. Les vautours font les sangsues sur les marques connues. On voit d’ailleurs de nombreuses entreprises payer leur propre marque pour assurer leur referencement sur leur propre nom.
Adword ne devrait il pas simplement se trouver en seconde place pour les mots clés des marques?
Je m’étais posé la même question ;).
La seule chose qui me surprend, c’est que vous et, semble-t-il, les auteurs des commentaires ci-dessous semblent être surpris et découvrir cette situation.
Cette situation est pourtant d’observation QUOTIDIENNE dans les pages de résultats de Google. Et ce depuis des années : depuis que Google a mis les adwords en première position avant tout le reste (et non plus à côté des résultats naturels) et que la Cour de Justice européenne a laissé certaines latitudes à l’emploi, en la matière, des marques des concurrents.
Déjà en 2015, j’ai signalé le problème par écrit.
Et ici même, dans les rapports Merkle sur le Digital marketing que vous résumiez jadis, il était cité l’exemple des requêtes « UNITED AIRLINES » dans le moteur google qui, en nombre élevé, étaient « redirigées » sur des ….. pages GOOGLE (en l’occurrence Google Flights et ses liens publicitaires).
C’était un nombre incroyablement élevé de fois (je n’ai pas en mémoire le nombre, car l’exemple date de pas mal de temps: peut-être plus d’un million de fois par mois !).
En fait, Google est aujourd’hui un annuaire de liens payants et ce n’est qu’à titre subsidiaire et complémentaire qu’il est un moteur de recherche ou de réponses.
L’internaute va chez Google POUR utiliser un moteur de recherche et beaucoup trop souvent, il ne voit et n’UTILISE que les liens publicitaires. Ceux-ci s’étendent d’ailleurs bien au-delà des adwords habituels à travers Google shopping, Google flights, Google Hotels, etc…
Et quand simplement, l’internaute veut accéder à un site, il ne saisit d’habitude que le nom (pas l’url complète) dans son navigateur et il passe par le moteur et ses pub en première position.
Google Ads fonctionne de plus en plus en IA/algorithme/mettez le mot à la mode que vous voulez.
S’il ne bloque pas le positionnement sur les concurrents, c’est parce que ses robots sont les premiers à le faire.
très instructif cet article Olivier.
Moi qui pensait que c’était pour éviter la confusion avec carglass.com qui atterrissait sur le site de BELRON qui est la maison de mère de Carglass France et bien d’autres filiales.
j’avais tout faux, c’est bien plus subtil que cela.
Mais la technique des sites qui « achètent » les marques des concurrents pour Google Ads est très ancienne.
Actuellement dans le monde du SEO, celui qui pratique beaucoup cela est SEranking.
Vous tapez SEMrush ou Mangools par exemple, SEranking est toujours 1er.
Loyal, a coup sur non, légal, je ne sais pas et comme vous dites: l’argent rend aveugle., mais la vraie question que je me pose : est-ce rentable pour les marques qui le font ?
Attention, il ne faut pas oublier que des concurrents peuvent apparaître sur la base d’une requête achetée en mode « large », sans qu’il y ait une volonté de nuisance spécifique…
Même cause et même effets….. Notre marque Ferei est confontrée aux même problèmes et sommes obligés de rajouter le .fr dans nos publication sur les réseaux sociaux et Amazon. Notre marque étant connue des spécialistes, elle est achetée par nos concurrents en mots clés sur google…
Bonjour,
merci pour cet article intéressant.
Comme dit Cyrille de Baudemont : « Cela avait été jugé comme étant légal il y a quelques années, tant que le nom de la marque en question n’apparait pas dans l’annonce du concurrent. »
Y’a-t-il des solutions / recours possibles lorsque le nom de la marque apparaît dans l’annonce du concurrent ?
Merci pour cet article Olivier !
La pratique est malheureusement courante dans bien des domaines 🙁
Cela avait été jugé comme étant légal il y a quelques années, tant que le nom de la marque en question n’apparait pas dans l’annonce du concurrent.
Pour autant, certaines grandes marques arrivent à se protéger à minima de ces pratiques et n’autorisent que certains revendeurs à enchérir sur leur nom de marque.
J’étais arrivé aux mêmes conclusions vis à vis de Google et les « concurrents » annonceurs Ads sans scrupules pour d’autres marques comme Stressless…
Le budget Ads à tendance exponentielle est un budget qui pénalise malheureusement toutes les autres actions Mktg profitables dont le SEO…
Ils sont fort chez GG… addiction -> monopole -> cash machine sans foi no loi…