Dans le cadre de l'Article 11 de la Directive Copyright qui instaure un droit voisin du droit d’auteur, Google a réagi en indiquant qu'il n'afficherait plus désormais par défaut les extraits d'articles pour les sites de presse dans ses résultats d'actualités. Si on veut un affichage complet, il faudra renoncer à son statut de site de presse et donc à d'éventuelles rétributions. Une nouvelle qui devrait faire grincer de nombreuses dents...
Quand Google a annoncé cette semaine une évolution de la balise meta "robots", nous avons eu un moment de réflexion sur la raison de cette nouveauté, à savoir dans quel cadre ces nouveaux attributs de balise bien mystérieux pouvaient bien être pris en compte à l'avenir.
Nous avons eu une réponse à nos questions hier, au travers du billet sur le blog officiel de Google France - un billet au ton qu'on pourrait qualifier de taquin, d'autres emploieront peut-être le terme d'arrogant - expliquant sa position quant à la nouvelle loi européenne sur le droit d'auteur (texte de loi disponible ici). Rappelons que celle-ci prévoit que les moteurs de recherche - entre autres - rétribuent les sites de presse dont ils reprendraient leurs contenus.
Dans ce cadre, Google explique : "nous allons procéder à des changements dans la manière dont les résultats d’actualités apparaîtront dans notre moteur de recherche. Si vous êtes en France, vous verrez que certains résultats apparaîtront différemment."
Plus clairement, à l'heure actuelle, les SERP de Google renvoient la plupart du temps pour un résultat web (et en simplifiant car cela peut être parfois beaucoup plus compliqué) :
- Un lien cliquable reprenant le titre (balise Title) de la page.
- L'URL ou le chemin d'accès de la page.
- Un snippet ou résumé textuel de la page reprenant le plus souvent le contenu de la balise meta "description".
- Dans certains cas et types d'affichages, pour des pages d'actualités, une image (vignette) peut être affichée.
Lorsque la nouvelle loi sur le droit d'auteur entrera en vigueur à la fin du mois d'octobre, Google n’affichera plus d’aperçu du contenu en France pour les éditeurs de presse européens, sauf si l’éditeur a fait les démarches (dans la Search Console) pour indiquer que c’est son souhait (mais il perdra dans ce cas toute velléité de rémunération). Ce sera le cas pour tous les résultats des recherches effectuées à partir de tous les services de Google. L'éditeur du site aura donc la possibilité, grâce aux nouveaux attributs de la balise meta "robots", de revoir la façon dont ces résultats apparaissent :
Ainsi, quelque part, Google contourne la loi en expliquant que si l'éditeur veut afficher du contenu (le résumé de l'article notamment), il peut le faire mais cela se fera à son initiative d'indiquer qu ele site n'est pas considéré comme un site de presse, Google n'ayant dans ce cas rien à payer pour cela.
En même temps, il fallait bien s'imaginer que Google n'avait pas envisagé une seule seconde payer les éditeurs de presse pour leur visibilité dans Google News. La firme de Mountain View avait même envisagé en novembre dernier de désactiver le moteur de recherche sur l'actualité en Europe si la taxe sur les droits d’auteur était confirmée, comme ils l'avait fait auparavant en Espagne en 2014. Penser qu'une quelconque rémunération aurait été possible était au mieux de la naïveté, au pire de la bêtise.
Bref, si vous avez un site de presse/actualités et que vous ne faites rien de spécifique, les résultats de recherche dans les SERP pour votre site risquent bien de s'afficher sous une forme spartiate (Titre + URL) très prochainement. Si votre site est dans ce cas (comme pour Abondance), vous avez dû recevoir par mail un message indiquant ce fait, sous cette forme :
Par défaut, dans ce cas, vos résultats seront donc tronqués (titre et URL uniquement). Si vous désirez qu'il en soit autrement, il vous faut aller dans la Search Console pour la propriété en question et dans la section "Paramètres > État de publication de la presse européenne" comme ici :
Si vous désirez que les snippets et images potentielles s'affichent, il faut décocher les cases "Hériter des paramètres de la ressource [XXX]" (si elle est proposée, ce qui n'est pas toujours le cas) et "Inclure cette propriété dans la liste des publications de presse européennes", comme ici (une aide en ligne est disponible à cette adresse) :
Ainsi, votre site cessera d'être considéré comme "publication de presse européenne conformément à la Directive européenne 2019/790 sur les droits d'auteur et les droits associés sur le marché numérique" et vous perdrez ainsi toute velléité à recevoir une quelconque rémunération au titre de cette nouvelle loi. Bref, Google vous a bien eu si vous pensiez que le contraire arriverait…
Cette décision a fait réagir de nombreuses personnes dont Frank Riester, ministre de la culture française, qui a expliqué sur Twitter que "la définition unilatérale des règles du jeu est contraire à la fois à l’esprit de la directive et à son texte. (Il s'entretiendra) très prochainement avec (s)es homologues européens pour remédier à cette situation.. La plupart des critiques portent sur l'aspect unilatéral et l'absence de discussions et de concertations avec les différents acteurs de la part de Google. La situation n'est donc peut-être pas terminée.
Dernier point : le nouvel affichage n'affecte pas le classement des pages, seulement la façon dont elles sont présentées dans les SERP. Et sachez qu'une FAQ assez complète est disponible également en ligne au sujet de cette nouvelle annonce.
Pour continuer d’apparaître comme maintenant, est-ce qu’il vaut mieux se retirer de ce statut d’éditeur de presse européen ou appliquer dans nos header les 3 balises meta robot ?
Par exemple en mettant ça :
meta name= »robots » content= »max-snippet:160″
meta name= »robots » content= »max-image-preview:large »
meta name= »robots » content= »max-video-preview:3″
Cela reviendra au même en mettant ces 3 balises ?
Je me pose la même question… quelqu’un a une piste ?
On est là devant un vrai sujet de fond et presque de société qu’il faut relier au moteur de réponse en prenant de la hauteur sur la problématique, au delà de la question de la presse. Nous sommes à la fois bien et mal placé à notre niveau. Nous connaissons particulièrement bien cette problématique comme nous maîtrisons tout autant le référencement, avec la chance de travailler majoritairement auprès de sociétés déjà installées.
Google se sert du contenu des autres pour donner une réponse, sans que les sites Internet soient visités pour cela, sans que ces derniers puissent organiser leur business (ou philanthropie !). Comme tu l’as indiqué Olivier, près de la moitié des recherches ne génère aucun clic. Dans un article précédent, tu introduis la notion de la position « -1 », avec l’usage probable du contenu des autres qu’on peut d’autres et déjà supposer.
Je ne souhaite à titre personnel ne pas voir Internet avec un Google traitant la quasi totalité de nos questions en direct et Amazon drainant la majorité du CA des ventes. La conservation des équilibres est essentiel à l’économie, à l’information et à l’innovation est par conséquent bénéfique à tous. Ce qui n’empêche en aucun cas qu’il y ait des acteurs dominants.
Le combat de la presse est légitime, pendant que les autres sites, non organisés en corporation, se laissent de manière globale doucement glisser vers la mauvaise direction. Il y a un pour moi un véritable sujet de questionnement.
En même temps, est-ce que Google n’a pas raison de faire ça ?
Je m’explique : Google recense les articles de presse dans Google actualités. Cela permet aux sites d’avoir plus de trafic et donc de gagner de l’argent (via la pub notamment). Google permet donc aux sites de gagner de l’argent en leur envoyant un flux de visiteurs.
Pourquoi en plus de cela Google devrait rémunérer les éditeurs de presse ?
1. Parce que, contrairement à ce que dit Google, ce n’est pas une opération win-win. Google y gagne bien plus (acquérir et fidéliser la clientèle) que la presse. Le problème ne se poserait pas (ou en tout cas beaucoup moins) si Google et la presse n’ avaient pas la même source de financement (la publicité) et n’étaient pas dès lors concurrents.
2. Mais tu comprendras beaucoup mieux le problème si tu prend le cas de Google Image: Là, Google n’envoie au site auteur qu’une fraction très, très minime des internautes qui sélectionne sa photo. Google fournit lui-même la photo en format original à l’internaute qui donc n’a pas/peu de besoin d’aller visiter le site. Et en plus, Google favorise les copies frauduleuses en l’absence d’indication sur les droits d’auteur propres à la photo et, le comble, il s’en sert parfois lui-même pour ses propres besoins dans ses autres services.
Donc au final, quel est l’intérêt, en matière de trafic organique, d’investir dans la production ou l’achat de photos?
NUL (sauf peut-être – cas limité – s’il s’agit de photos de produits à vendre).
Je ne comprends pas le point 1.
Il n’y a pas de publicité dans la partie actualité de Google (contrairement à la partie recherche classique).
Personne ne réagit contre Yahoo News qui lui reprend à son compte une grande partie des articles et insère sa propre publicité.
Là je trouverai logique Yahoo rénumère la presse.
1. En commerce, ce qui compte, c’est d’acquérir et de fidéliser la clientèle, même si la porte d’entrée n’est pas bénéficiaire. Google Actualités, Google Images, Google Maps, etc sont des produits d’appel et de fidélisation. Une fois les clients fidélisés, ils utilisent bien sûr les autres services bénéficiaires du prestataire concerné.
Le commerce repose beaucoup sur ce genre de stratégie. Si la marque « Google » est la plus chère au monde (paraît-il d’après les experts), c’est autant, si pas plus, grâce à ses services « annexes » qu’ à son algorithme de recherche, les publicités (pas l’algorithme) étant d’ailleurs de + en + cliquées lors des recherches universelles.
Il y a aussi la collecte de tes données personnelles lors de ton utilisation de Google Actualités, Google Images , et autres. Pour Google et ses annonceurs, définir au mieux ton profil, c’est leur but ultime, le produit fini à vendre.
2. Pour Yahoo News, je ne connais pas bien. Tu as probablement raison. La directive européenne vise aussi Yahoo, Bing, et autres, bien sûr.
Sur le point 1 seul l’avenir nous dira si c’est une opération « win-win » ou pas. En effet si la majorité des acteurs affichent la description complète cela signifie que Google actu est bénéfique pour eux.
haha.
En fait, cela s’est passé en deux temps: d’abord, pendant le processus législatif, les lobbyistes de Google ont combattu le projet, y créant des échappatoires.
Ensuite, une fois la directive en vigueur, Google en profite pour la contourner complètement (et pas « quelque part » comme vous l’écrivez très gentiment).
NB
Nos dirigeants nationaux et la Commission européenne auraient mieux été inspirés en s’en prenant à l’affichage en format intégral (= violation des droits d’auteurs) des photos dans le Google Images, plutôt que de défendre les intérêts particuliers des seuls groupes de presse d’autant plus que l’affichage des snippets dans Google actualités n’avaient pas changé.
Par curiosité, quel choix va faire Abondance ? 😀
L’affichage complet, bien sûr. Je n’ai jamais la naïveté, voire pire ;), de penser que Google me paierait en plus de m’envoyer du trafic 😀
Je me doutais bien qu’il serai facile pour google de contourner la norme européenne mais là, c’est presque trop facile.