Après Search Foresight et Médiamétrie, ce sont le CSA et l'Hadopi qui publient une étude sur le vocal en France, offrant en général les mêmes conclusions que ses devancières : cette nouvelle façon d'interagir avec l'information s'intègre petit à petit dans nos habitudes, mais les réels usages restent encore à inventer.
Jusqu'à maintenant, on connaissait deux études sur le vocal en France, à savoir celle de Search Foresight en septembre 2018, suivie par celle de Médiamétrie en décembre de la même année.
Le 28 mai dernier, une troisième étude, nommée "Assistants vocaux et enceintes connectées" a été dévoilée, à l'initiative du CSA et de l'Hadopi.
En voici sa présentation : "le développement des assistants vocaux et l’émergence des enceintes connectées pourraient modifier les habitudes de consommation des programmes culturels sonores et audiovisuels et ainsi appeler les fournisseurs d’offres de tels programmes à s’adapter. Dans le cadre de leurs missions respectives, l’Hadopi et le CSA se sont associés pour mener une étude commune sur ces nouveaux équipements, porteurs d’enjeux pour les deux institutions. Cette étude s’intéresse dans la première partie à l’assistant vocal, fonctionnalité qui modifie les interactions entre l’humain et la machine. Sa deuxième partie est consacrée aux enceintes connectées intégrant un assistant vocal et à l’étude du marché français et des modes de consommation de ces équipements. Enfin, la place des médias et des biens culturels dématérialisés dans l’environnement des enceintes connectées est analysée dans une troisième partie à travers la stratégie des éditeurs et des fabricants de terminaux."
Et les principaux chiffres clés qui ressortent de cette étude :
- 46 % des internautes français (de 15 ans et plus) ont déjà utilisé un assistant vocal, que ce soit sur un smartphone, un ordinateur, une tablette, une enceinte ou une télévision directement connectée à Internet (« smart TV ») ;
- 10 % des internautes ont déjà utilisé une enceinte connectée ;
- 11 % des internautes possèdent au moins une enceinte connectée à commande vocale parmi les trois marques principales du marché (Google Home, Amazon Echo et Apple Homepod) ;
- 80 % des utilisateurs réguliers d’enceintes connectées ont recours aux services des plateformes de streaming musical, gratuits ou payants pour écouter de la musique ;
- 63 % des utilisateurs réguliers d’enceintes connectées et des non utilisateurs estiment qu’elles peuvent constituer une menace pour leur vie privée ;
- 60 millions d’américains sont équipés d’enceintes connectées en décembre 2018, soit environ 25 % de la population adulte, en hausse de 30 % sur un an avec une accélération lors des fêtes de fin d’année.
Concernant le marché français, l'étude met les doigts sur les points suivants :
- Une trentaine de modèles d’enceinte connectée sont disponibles sur le marché français ;
- En février 2019, un internaute français sur dix utilisait au moins une enceinte connectée Google Home, Amazon Echo, ou Apple HomePod notamment ;
- La notoriété de la marque de l’enceinte et le prix ressortent comme les principaux critères de choix des enceintes connectées ;
- 77 % des utilisateurs réguliers d’enceintes connectées sont abonnés à une offre de télévision payante, de vidéo à la demande par abonnement ou de musique en ligne (contre 46 % des internautes français) ;
- Bien que fortement abonnés à des offres légales, les internautes utilisant un assistant vocal ou une enceinte connectée ont aussi tendance à consommer plus souvent des biens culturels en ligne de manière illicite. Si les enceintes connectées ne sont pas aujourd’hui un vecteur de pratiques illicites, des applications illicites dédiées à ces appareils pourraient apparaître à mesure que les services proposés se développeront ;
- Les usages sont encore relativement basiques, en dehors de quelques profils initiés qui ont paramétré leurs enceintes pour en utiliser les fonctionnalités les plus avancées ;
- Parmi les pratiques culturelles, l’écoute de musique est de loin la plus répandue ;
- Considérées comme un « gadget » par environ un quart des utilisateurs, les enceintes connectées ont encore un potentiel de développement limité en France. On estime que seulement 4 % des internautes non équipés auraient l’intention d’acheter une enceinte connectée en 2019.
Les chiffres semblent donc indiquer qu'après un fort engouement, le marché pourrait bien se tasser assez rapidement, tant qu'on n'a finalement pas trouvé les réels usages que nous allons faire du vocal au quotidien. C'était en tout cas tout le sens de la vidéo que nous avons consacré récemment à ce sujet.
N'hésitez pas, en tout cas, à lire et télécharger l'étude du CSA et de l'Hadopie disponible ici (82 pages).
Merci pour avoir publié les résultats de cette étude et pour vos commentaires. En tant que créateur du groupe Facebook Google Home France qui compte plus de 6000 membres et a récemment été invité par Google France a une visite et une session de travail, je crois pouvoir tirer une conclusion inverse à la vôtre, nous ne sommes qu »au début du déploiement des interfaces vocales, pour une raison très simple, le vocal est la façon la plus répandue et la plus simple d’interagir avec notre environnement. Les seniors en particulier n’ont aucune difficulté avec la communication vocale et en ont beaucoup avec un clavier ou même une surface tactile. A propos des réels usages, l’étude montre qu’ils sont déjà très répandus et en pleine expansion, la question n’est pas tant de trouver des usages que d’y répondre.
Sincèrement, je suis le phénomène depuis des années, car en soi il est passionnant, mais je ne partage pas l’enthousiasme un peu débridé qu’on voit poindre ici ou là et qui ressemble hélas parfois plus à de le com’ orchestrée par les vendeurs de solutions (et depuis peu par les agences web qui vendent parfois du rêve). Mais l’avenir dira comment les choses évoluent, bien évidemment 🙂 Et pour ma part, je continue à tester, tester, tester pour me faire une vraie opinion sur le sujet. Car, comme dit précédemment, le sujet est passionnant 😀
Les expériences sur lesquelles je m’appuie pour formuler un jugement sont celles des utilisateurs, pas des vendeurs. Ils sont de plus en plus nombreux. Il existe des enthousiasmes débridés, et il n’en manque pas, citons par exemple les télés en 3D ou même les montres connectées (j’en ai une et j’en suis très content mais cela ne va pas révolutionner notre quotidien). Les interfaces vocales par contre ne sont pas juste une nouvelle technologie, mais une nouvelle façon d’interagir avec notre environnement. Évidemment, les robots domestiques qui vont bientôt arriver seront l’objet principal de l’interface vocale. Vous êtes bienvenu sur notre groupe pour vous faire une opinion de la « base »…
Je vais me faire l’avocat du diable, mais comme le dit l’article « 10 % des internautes ont déjà utilisé une enceinte connectée » ou encore « En février 2019, un internaute français sur dix utilisait au moins une enceinte connectée Google Home, Amazon Echo, ou Apple HomePod notamment ».
Quand on sait que, selon Mediametrie (chiffre 2019), les internautes ne représentent « que » 84,5% de la population francaise, ca nous fait une utilisation par 10% de 84,5% de 65 millions, soit 5,5 millions de francais… En valeur, c’est quand même très peu. On est loin, très loin, de la révolution des usages dont on nous parle souvent concernant les enceintes connectées. La première Amazon Echo est sortie il y a 5 ans, et, 5 ans après sa sortie, les « véritables révolutions technologiques », comme l’iPhone par exemple, avait un taux de pénétration bien plus important.
Ces chiffres montrent que les enceintes connectées ont un public limité, et en dehors de nous (les geeks / marketeurs), elles n’intéressent personne… 🙁