Le monde des outils de recherche a évolué depuis 20 ans. Depuis les premiers moteurs de recherche, Google veut imposer sa vision de moteur de réponse. Mais l'aspect social pourrait bientôt venir bouleverser à nouveau la donne...
Historiquement, depuis 20 ans que le Web existe, les premiers outils permettant de trouver de l'information sur le réseau ont été des annuaires (le Yahoo! du début, le Guide de Voilà, Nomade, l'Open Directory, etc.) et des moteurs de recherche (WebCrawler, Excite, Infoseek, Lycos puis Altavista en 1995, etc.). Ces premiers moteurs avaient une vocation simple : vous tapiez un ou plusieurs mots clés dans un formulaire et l'outil vous renvoyait 10 résultats (parfois appelés - notamment chez Microsoft - "liens bleus"). Un clic sur l'un de ces liens vous routait donc vers une page web répondant - a priori - à votre demande. Un schéma classique qui n'a, finalement, pas tant changé que cela... Quoi que...
Google a l'ambition de devenir un moteur de réponses
En effet, un beau jour (indéfini, d'ailleurs) de 1998 est arrivé Google. Un nouveau moteur dont la stratégie s'est modifiée et affinée de mois en mois, d'année en année. Aujourd'hui, Google ne veut plus être un moteur de recherche, un "simple" hub qui vous renvoie des liens externes correspondant à vos investigations. Google veut que vous cliquiez sur ses liens publicitaires et veut donc vous garder chez lui. Et pour cela, il déploie depuis bien des années de nombreux services, dont notamment les "onebox" ou espaces spécifiques proposant directement une réponse à votre recherche, affichés en haut de la SERP. Exemple pour la requête "meteo strasbourg" :
Source de l'image :Abondance |
Au vu des infos retournées par cette "onebox" (qui prend par ailleurs la majeure partie de l'espace visuel libre sans scroller), irez-vous consulter un autre site ? Pas si sûr... En dehors de l'aspect "abus de position dominante", au sujet duquel la Commission Européenne se penche par ailleurs et les impacts SEO (dont nous reparlerons certainement un jour ici-même), il est clair que ce type de résultat a pour ambition principale de vous fournir le résultat demandé immédiatement depuis la SERP. La situation est encore plus flagrante sur une requête de type "hotel strasbourg" :
Source de l'image :Abondance |
L'espace est occupé par : des liens publicitaires Google, Google Maps, Google+ local et le moteur vertical Google Hotel Finder. En d'autres termes, que du Google !
Il n'est pas question ici de dire si cette pratique est honnête ou pas (après tout, c'est le moteur de recherche de Google, disponible gratuitement, et on peut penser qu'il est libre de faire ce qu'il veut avec...) mais bien de voir que la stratégie de Google depuis de nombreuses années est de devenir un "moteur de réponses": vous cherchez quelque chose ? Google vous fournit la réponse; Et non plus un lien vers la réponse. La nuance est d'importance !
D'autres outils complètent cette stratégie : la recherche universelle, le Knowledge Graph, etc. En clair, tout est de plus en plus conçu dans les algorithmes googliens pour fournir une réponse au plus vite aux interrogations des internautes.
Facebook peut-il proposer un moteur de recommandations ?
Une troisième étape est, selon nous, en train de se jouer avec l'adjonction du social dans la recherche. Et l'acteur majeur, dans ce domaine, pourrait être Facebook. En effet, de nombreuses requêtes, parmi celles que nous faisons au quotidien, pourraient être validées et rendues plus simples en prenant en compte une couche sociale. "Je pars à New YorK et je recherche un resto, un hôtel sympa". "Je voudrais savoir quels sont les meilleurs morceaux du groupe culte Lynyrd Skynyrd". "Quelqu'un a vu le dernier film de Bruce Willis ?" Etc. Qui, parmi mes amis (ou les amis de mes amis) peut répondre à ces interrogations ? Facebook (et son Graph Search, encore embryonnaire) auraient les armes pour créer ce "moteur de recommandations" qui pourrait concurrencer Google.
Oh, bien sûr, ce ne serait pas une concurrence frontale, et cela ne toucherait que les requêtes à tendance sociale, mais si on y réfléchit, elles sont nombreuses et non négligeables. Et si Facebook intégre à son interface un formulaire de recherche web facilement accessible (couplée à un moteur web avec la technologie de Bing), les 25% de parts de marché en Europe seraient facilement atteignables selon nous. En plus de proposer un outil intéressant (et peut-être même innovant), Facebook gagnerait une source de revenus non négligeable et une remontée en bourse assurée. Encore faut-il que, techniquement, ils puissent assurer la charge que cela représenterait... Mais comment pourrait-il faire l'impasse sur un tel projet à moyen terme ?
C'est également - et certainement - ce qui a poussé Google à créer Google+, qui tarde à justifier les espoirs mis en lui par la firme de Mountain View. Google a du mal à passer l'étape du social, et Facebook pourrait bien en profiter pour l'attaquer sur le front de la recherche d'information dans un proche avenir (ce qui changerait d'ailleurs en profondeur les stratégies SEO mises en place à l'heure actuelle, mais nous en reparlerons).
Le monde des moteurs de recherche évolue petit à petit (on assiste à peu de révolutions mais le domaine est en constante et perpétuelle évolution). Difficile de dire à quoi ressembleront les outils de demain : nouvelle interface utilisateur ? Nouvelles procédures de questionnement ? Nouvelles façons de présenter les résultats ? Nouveaux algorithmes sémantiques ? Toujours est-il que le maître-mot des SEO restera "adaptation". Comme depuis 20 ans, finalement... 🙂 Mais restons éveillés, car aucune situation n'est figée sur Internet... Comme... Google l'a montré lorsqu'il est arrivé !
Je voudrai savoir comment ça fonctionne avec Google insight for search
Article très intéressant. La mesure de la réponse de Google à la concurrence n’est-elle justement pas son réseau social Google+ !? Certes avec un succès progressif, en tout cas pour le moment, mais l’avenir à moyen terme peut encore les favoriser, non ?
Google » disponible gratuitement » ?
Oui , les recherches sur le moteur google (ou autre de ce genre) se font sans paiement d’argent.
Mais elles ne sont pas gratuites au sens économique (scientifique) du terme. En échange, google utilise vos données personnelles cad, au minimum l’objet de votre requête, votre localisation, votre langue et vos antécédents dans les recherches (soit de façon précise si vous n’avez pas supprimé son cookie, soit dans les autres cas sur base de votre IP).
La valeur économique de ces données est connue. Elle se chiffre en millliards de dollars (puisque ce sont ces données personnelles qui font la plus-value des publicités Google par rapport à d’autres publicités cad l’essentiel de son chiffre d’affaires).
Si vous ne savez pas quelle recherche sur internet vous avez effectuée le 3 janvier 2013 à 16h05, google lui le sait. Et il sait aussi si vous avez choisi d’abord de visiter un autre site avant de porter votre choix final sur un autre site ( le cas échéant tel site d’e-commerce)..
Aucun autre de vos fournisseurs n’utilise vos données personnelles autant: si vous avez une carte de fidélité d’un supermarché, celui-ci sait aussi que vous avez acheté le produit Y le 3 janvier 2013. Mais il ne sait pas si vous aviez d’abord choisi un autre produit avant de le remettre en place et d’aller à la caisse avec l’autre produit.
Et si vous n’avez pas de carte de fidélité du supermarché, celui-ci ne sait rien de vous et de vos achats!!
Imaginez ce que pourraient gagner (ou de combien pourraient réduire leurs prix) vos fournisseurs de biens et services si vous leur laissez exploiter vos données personnelles comme le fait google (et autres moteurs similaires).
Excusez-moi pour ce commentaire hors sujet et hors sentiers battus. Non, google n’est pas gratuit au sens scientifique du terme.
Je ne veux pas en décevoir certains, mais…
1. Nous représentons 1% ou moins des utilisateurs du web, en tant qu’acteurs
2. Les gens s’en foutent. La plupart ne font ni la différence entre one-box, pub, KG etc. Du moment qu’ils ont la réponse ils sont heureux. Google l’a bien compris.
3. On ira pas se référencer autre part car Google n’a jamais inventé de toute pièce la manière de référencer. Il se base sur le fondement du web, c’est-à-dire structure et contenu (et popularité, mais enlever ses liens c’est perdre beaucoup de visite…..hors Google). Le seul moyen de déréférencer un site sur Google c’est de le rendre pourri, mais du coup plus de revenu.
Moi aussi j’ai de la peine avec Google et son imposition. Mais faut admettre que son idée est pas mauvaise.
Merci pour cet état des lieus 😉
A mon avis, ils vont recevoir le retour du baton de plein fouet, quand les sites iront se référencer ailleurs petit à petit, ça risque de vite les calmer je pense 😉
Je pense que Google a dépassé la limite « raisonnable » (vu sa position dominante en Europe) du moteur de « REPONSE ». Cela ne fait que renforcer le désir des pro de quitter cet outils incontournable dès qu’ils le pourront … même si cela va prendre du temps …
Pour les réseaux sociaux, il n’y a aucun fondamentaux qui puissent justifier leur évolution importante. Un moteur associé sera une plus value, mais pas une révolution.
Ce qui ne doit pas empêcher Google de se faire du soucis ou en tout cas prévoir un peu plus de concurrence du côté des réseaux sociaux.
A mon avis, le concurrent viendra directement en frontal du moteur, en laissant la place aux liens et navigations vers les contenus, ce qui recevra plus d’échos auprès d’acteurs du web et par là même , des recettes publicitaires.
super article qui fait le point sur la recherche sociale. ça me conforte dans ce que je sens venir d’ici peu. merci
C’est vrai que Google propose une palette d’outils plutôt efficaces et qui se retrouvent sur pc, mobile, … Maintenant, quel avenir pour les sites qui ont des réponses parfois aussi pertinentes (ou plus pertinentes même) et qui se retrouvent reléguer en fin de page, sous les services Google ?
La suite est à suivre avec intérêt sur Google évidemment, jusqu’à ce qu’un nouvel entrant détrône le roi ?!!!