La recherche universelle prônée par Google, qui consiste à "injecter" dans les pages de résultats du moteur des données issues de sources diverses (actualité, images, vidéos, cartes, etc.) nous renseigne aujourd'hui encore un peu plus sur la stratégie de "portalisation" mise en place par le leader américain sur ses sites.

En effet, de plus en plus, Google passe d'un statut de "hub" (simple moteur de recherche faisant l'interface entre l'internaute - qui se pose des questions - et les sites présents sur le Web - qui amènent des réponses -) à un statut de "portail". Google a longtemps été un carrefour, un outil transitoire sur lequel on ne fait que passer quelques instants, le temps de saisir quelques mots clés avant de partir vers un "vrai" site web fournisseur d'informations.

Cette période semble révolue et Google, dans sa volonté de croître et d'évoluer, semble vouloir de plus en plus garder les internautes sur ses pages de résultats, sur son site ou, tout au plus, sur ses différents outils. Pas (plus ?) question, aujourd'hui, de faire fuir l'usager vers l'extérieur, il doit au maximum rester dans la "sphère googlienne", manne publicitaire oblige...

La recherche universelle est un bon exemple de cette stratégie. Sur des requêtes associant un nom de commerce et un nom de lieu (exemples : "hôtel Paris", "restaurant Toulouse", "plombier Strasbourg"...), regardez la page de résultats renvoyée par Google sur un écran d'ordinateur portable :

Qu'y voit-on ? Trois liens sponsorisés en position "premium" (fond pastel en début de liste) - fournis par Google bien sûr - suivis d'une carte accompagnée de liens, le tout issu de Google Maps. Sur la droite, 6 liens sponsorisés - Google Toujours - sont affichés. Résultat ? Google everywhere... et aucune place pour les autres si ce n'est un demi-résultat peu visible en bas d'écran, à peine au dessus de la "ligne de flottaison"... Bien sûr, on objectera - avec raison - que sur un écran plus grand, les résultats organiques (issus de l'index et proposant les liens issus de sites concurrents comme PagesJaunes.fr ou 118000.fr enter autres) apparaissent. Certes, mais l'espace réellement visible (le fameux "triangle d'or" des pages de résultats) est entièrement accaparé par des liens issus de "la maison Google"...

On a par ailleurs vu que le moteur de recherche testait actuellement des descriptions plus longues affichées en dessous des titres :

La logique est la même : si le descriptif est plus long, il affiche plus d'infos et l'internaute n'aura pas obligatoirement à aller sur le site distant pour la chercher. Il l'a sous les yeux... Il reste chez Google. Cela vous arrive certainement souvent : vous cherchez une info précise (adresse mail, numéro de téléphone ou autre) et elle se trouve directement dans le "snippet" (résumé descriptif de la page affiché par Google). Résultat : une visite en moins pour le site en question et un visiteur gardé pour le moteur de recherche...

On peut d'ailleurs inévitablement se poser des questions en termes juridiques à ce niveau : Google a-t-il le droit de fournir une information à la place du site vers lequel il devrait aiguiller les internautes s'il suivait à la lettre son rôle de moteur de recherche ? Bref, s'il affiche l'info directement au lieu d'en indiquer la source, n'outrepasse-t-il pas ses droits, ses devoirs et son métier ?? Les internautes y gagnent peut-être, mais pas les sites web... Va-t-il falloir "saboter" nos balises meta "description" pour ne pas y insérer de données trop précises empêchant les usagers de la Toile de venir sur nos sites ? Voici des questions qui me semblent importantes pour l'avenir...

On dit depuis longtemps que les moteurs de recherche sont de formidables "boosteurs" de trafic. C'est évident. Mais on peut aussi légitimement se poser la question du trafic capté par ces mêmes moteurs et que les sites distants ne récupèrent pas. Aujourd'hui peut-être encore faible, il sera intéressant de surveiller ce phénomène à moyen terme...

Source des images : Wikipedia / TechCrunch

English version: Search engines, traffic eaters?