Qu'est-ce qui a fait le succès de Google ? Outre sa rapidité, sa pertinence et son côté "fun" - entre autres raisons - c'est son interface dépouillée qui a plu à ses premiers utilisateurs et aux suivants. Simple, efficace, les résultats de recherche et rien d'autre. Bien vu, à une époque où les AltaVista et consorts suivaient la voie inverse de la "portalisation" à outrance... Du coup, ses suivants immédiats, Yahoo!, MSN et les autres, lui ont emboité le pas et proposent des pages de résultats qui sont la copie conforme de celles du leader actuel.
Mais le monde des moteurs de recherche bouge, de nouveaux postulants arrivent, la situation est loin d'être figée dans le marbre, et il est évident que toute stagnation confine à l'arrêt de mort. Il faut innover, proposer de nouvelles solutions et fonctionnalités de recherche pour garder ses parts de trafic, voire les augmenter.
Or, il se pourrait bien que Google se heurte, à court terme, à ce dilemme. Comment faire pour innover tout en gardant le "look and feel" ultra-simplifié de ses pages de résultats ? Pas si simple. Prenons un exemple avec les systèmes de clustering qui ont fait le succès de technologies comme celles de Vivisimo ou d'Exalead. Cette manière de ranger les résultats "à la volée" en dossiers thématiques est certainement l'une des solutions au nombre croissant de sites et de pages web disponibles en ligne. Mais où Google pourrait-il proposer ces dossiers thématiques sur ses pages de résultats sans tout casser et sans "choquer" ses utilisateurs ? Difficile, complexe, voire presque impossible...
Google a mis en place plusieurs tests d'affichage de ses résultats dernièrement mais ceux-ci ne semblent pas s'être avérés concluants. La principale raison est certainement qu'il lui est difficile de toucher à ce qui a fait son succès, sous peine de voir rapidement ses utilisateurs changer de bord, car il est évident que le marché des moteurs de recherche est loin d'être encore stabilisé et qu'un concurrent, voire un nouvel entrant, peut tout à fait "faire son trou" rapidement et faire chuter le château de cartes actuel, encore bien fragile...
Google ne veut pas créer de brêches dans lesquelles d'autres pourraient s'engouffrer, ce qui est tout à fait logique. Résultat : il en est réduit à mettre en place d'autres sites, d'autres moteurs (sur les blogs, les images, les produits commerciaux, les forums de discussion, etc.), d'autres outils (Picasa, Web Accelerator, Google Earth), mais sa page de résultats, elle, n'a pas changé depuis des lustres (si ce n'est les raccourcis de recherche proposant des cartes routières, des dépêches d'actualité, etc.)... Ses concurrents, qui ne prendraient pas les mêmes risques d'"infidélisation" de leurs utilisateurs, vont-ils se servir de ce point faible pour attaquer le leader ? L'avenir le dira...
Bonjour
Juste un mot pour complémenter votre commentaire : Mozbot n’utilise pas les API de Google (voir : http://www.mozbot.fr/faq.html#api), ce qui n’enlève rien à la pertinence de votre vision 🙂
Cordialement
J’ai envie de nuancer ce point de vue, où vous semblez opposer interface simple(iste ?) et interface riche.
A la différence d’autres moteurs majeurs, qui suivent plutôt qu’innovent, Google a réussi à créer et développer un écosystème, qui devient de plus en plus autonome et concurrenciel. Bien avant Yahoo et MSN, Google avait ouvert des API permettant de développer de toutes pièces de nouvelles approches, soit de recherche, soit d’affichage de résultats. Au-delà même des API, des partenariats spécifiques permettent aujourd’hui de s’appuyer lourdement sur la puissance de Google pour proposer de nouvelles interfaces : MozBot en est la parfaite illustration.
Pour autant, ces outils, qui s’appuient et dépendent des API de Google, ne fragilisent pas Google : les requêtes sont bien traitées par Google et participent à son enrichissement (dans tous les sens du terme, puisque ces moteurs annexes peuvent aussi puiser des ressources financières dans les AdWords et AdSense).
L’ouverture de longue date de ces API et les multiples possibilitées qu’elles offrent contribuent à faire vivre le système de façon autonome : de nouvelles idées fusent, se copient, se concurrencent, etc. Bref, un cercle vertueux, pour Google. Cela n’a pas échappé à ses principaux concurrents, qui ont fini par ouvrir leurs API, et font même preuve quelque fois d’initiatives plus rapides : YahooNews a ouvert ses API avant GoogleNews (reste à voir comment réagiront les détenteurs des droits sur les sources…).
La force de l’interface de Google est-elle remise en cause ? A mes yeux, non, elle est renforcée : cet écosystème de moteurs annexes ajoute de nouvelles offres pour des utilisateurs aux besoins différents, aux expériences différentes. L’interface simple de Google, qui a fait son succès, reste pour la majorité des internautes (qui sont sans doute beaucoup moins à l’aise avec les interfaces de moteurs de recherche que la plupart des lecteurs d’Abondance) d’une accessibilité inégalée.
En effet, il est clair que Google est prisonnier de son interface. Une faille qui sera sûrement très prochainement exploitée par de nombreux concurrents… jusqu’à ce que Google rachète la technologie émergente 😉 Bref, il est évident que le clustering va surement très prochainement apparaitre sur nos moteurs traditionnels (Google, Yahoo), à l’image de ce que fait déjà très bien Vivisimo et Exalead. Pour les interfaces, le risque de perdre des parts de marché est trop gros, ce qui explique que cette tâche soit laissée aux petits concurrents. Mais il n’y a pas encore de solution qui émarge actuellement, malgré les nombreuses tentatives (KartOO, MapStan Search, Grokker etc). Peut-être que Mozbot nous proposera prochainement une interface révolutionnaire? Mais pour ma part, il est évident que les heures de ce type d’interface (affichage linéaire sous forme de liste) sont comptées…