Le Wall Street Journal a obtenu un document de la FTC, organisme américain de régulation, selon lequel le moteur de recherche favorisait ses propres résultats en 2012. Aucune suite n'avait été donné au dossier pourtant accablant...
La Commission européenne se penche depuis plusieurs années sur les pratiques de Google en termes d'abus de position dominante. On ne compte plus, en effet, le nombre de plaintes déposées par des sociétés, notamment françaises, pour dénoncer le fait que Google met en avant ses propres résultats au détriment de ceux d'autres entités concurrentes. Mais l'Europe n'est pas la seule concernée par ces agissements.
En effet, si on en croit le Wall Street Journal, un rapport de 160 pages avait été rédigé en 2012 par la FTC (Federal Trade Commission), organisme régulateur américain du commerce. Ce rapport a été obtenu par erreur par le WSJ, la FTC lui envoyant un dossier complet au lieu de sa version expurgée suite à une demande du journal. Et selon celui-ci, les conclusions de l'enquête semblent claires : Google avait bien, à cette époque, mis en place des mécanismes pour manipuler les résultats au profit de ses propres services, et ce même s'il en résultait une moindre pertinence pour l'internaute. Les manipulations auraient notamment été évidentes sur Google Shopping, Travel (voyages, billets d'avion) et local.
Google aurait également utilisé des informations en provenance des sites de Yelp, Tripadvisor ou Amazon pour les utiliser à ses propres fins. Et, lorsque ces sources ont demandé des comptes, la société de Mountain View aurait menacé de les désindexer du moteur de recherche.
Le plus étonnant, dans cette histoire, est que ce dossier mettant le doigt sur ces pratiques anti-concurrentielles n'a donné lieu à aucune amende ou action de la part du régulateur ou de la justice américaine, le rapport ayant été classé sans suite. Le WSJ souligne, à ce sujet, que Google a été le second plus gros donateur privé dans le cadre de la campagne de réélection de Barack Obama... Mais il s'agissait certainement d'une coïncidence...
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Malheureusement, il nous reste attendre les actions de la Commission Européenne ce qui va durer des siècles et des siècles…
Je souffre avec mon annuaire de cette technique visant, pour Google, à privilégier ses résultats au profit des autres. Curieusement, car il ne s’agit pas d’Adwords, les adresses que Google place devant moi ne sont pas rémunératrices, alors que moi je l’étais !
Tout à fait d’accord avec Lexane. Arrêtons un peu le Google bashing.
Qui reprocherait à Yahoo (ou n’importe quelle autre entreprise) de promouvoir ses propres services et pas ceux de leurs concurrents?
Personnellement, lorsque je tape une requête locale ou lorsque je cherche une vidéo, je préfère avoir un lien vers Maps ou vers YouTube, tout simplement parce les services sont meilleurs qu’ailleurs.
Sur le fond, l’article du WSJ dit clairement que les juges n’ont trouvé aucune base légale pour attaquer Google sur ces faits. Est-ce que c’est moral de mettre en avant ses propres services? Je pense que tout dirigeant censé ferait la même chose.
Qui attaque Google dans cette histoire? FairSearch.org, financé en grande partie par Microsoft, les concurrents de Google, ainsi que certains comparateurs qui effectivement perdent beaucoup d’argent à cause de Google Travel ou shopping notamment. N’oublions pas en passant, que les comparateurs ont construit un business model (en grande partie grâce à Google), en rendant un service souvent négligeable et dont l’objectivité des résultats a déjà été mise en cause pour leurs pratiques commerciales parfois douteuses.
Quand au financement de la campagne d’Obama, si Google a été le 3ème plus gros contributeur, qui était le 2ème? Microsoft…
Pour finir, personne ne force qui que ce soit à utiliser Google. Comme le dit Eric Schmidt (Google Executive Chairman): « The competition is one click away ». Je vois pas trop où est la situation de monopole ou l’abus de position dominante dans cette histoire.
« Je vois pas trop où est la situation de monopole ou l’abus de position dominante dans cette histoire »
Allez, Pierre, encore un petit effort.
Il est vrai que d’un côté Google n’est pas un service public, mais il y a quand même ici deux objections : Google utilise le contenu des autres pour se mettre en avant ; Google n’a pas à tromper son client (l’internaute)
@Lexane
j’ajoute que si , dans le cas où tu as un site non dominant, tu peux promouvoir même exagérément tes propres services, c’est évidement parce que le consommateur peut toujours aller voir ailleurs si cela ne lui convient pas tandis que, en cas de position dominante, il n’en a pas en pratique le choix.
@Lexane
Ce que tu écris (et d’autres ailleurs dans le même sens ailleurs) n’a pas de sens. Nous vivons en effet dans un système qui comprend à la fois la liberté et concurrence d’une part et un contrôle des abus en la matière d’autre part.
Là où il y a concurrence (USA, Europe,…), il y a aussi autorité de contrôle des abus de la concurrence . En Europe, ce sont les articles 101 et 102 du Traité sur respectivement les accords, associations et pratiques concertées susceptibles de restreindre la concurrence et les abus de position dominante.
Si tu as un site d’importance moyenne ou faible, tu peux effectivement y promouvoir à 200 % tes propres services aux dépens des autres. Si par contre, ton site est en position dominante, tu ne peux pas en abuser pour éliminer des concurrents.
Et pour juger cela, il y a les textes du Traité et la jurisprudence.
@Jos : Merci pour cette clarification importante.
Nous ne pouvons rien contre ce grand méchant. Malheureusement, il nous reste attendre les actions de la Commission Européenne ce qui va durer des siècles et des siècles…
@Lexane Pour moi le problème est plus compliqué que ça. Si je suis d’accord avec ton point de vue il ne faut pas oublier que si Google en est ou il est aujourd’hui c’est grâce à la qualité de son algorithme et donc des résultats qu’ils présentent aux internautes.
Or d’après cet article le moteur de recherche ne remplit plus sa fonction 1ère tout ça pour que Google se face ENCORE plus d’argent. C’est au finale l’utilisateur qui en subit les conséquences et ça c’est dommage.
Elle attend quoi la Commission Européenne pour autoriser la création de sa propre racine? A passer tant de temps à se lamenter de ce qui se passe ailleurs, peut être est-il temps d’innover un peu et d’écouter Angela Merkel (une fois encore): http://www.bbc.com/news/world-europe-26210053 : lorsque l’on est maître du réseau (comme c’est le cas avec la « fortement Américanisée » ‘ICANN), on est maître de ce qui s’y passe.
Complètement absurde. On ne demande pas à une chaîne d’hôtels de nous recommander son concurrent, pourquoi le faire avec un moteur de recherche ? Les gens ne manquent pas de motifs fallacieux pour détester le grand méchant Google, c’en est ridicule.